Pierre Dutertre, le Printemps des Potiers à l’heure danoise

Pierre travaille l’argile et donne vie à la céramique dans son atelier près de Sanary. Il est président de l’association Le Printemps des Potiers, événement créé dans notre belle ville de Bandol en 1984. Cette année l’événement accueille, entre autres, des artistes danois, qui exposeront et nous parlerons de leurs oeuvres. Ne loupez pas non plus le fameux marché des potiers.

Quels seront les temps forts du marché des potiers ?

Nous souhaitons faire découvrir un pan de la céramique pas forcément connu du grand public. Il y aura un atelier avec potiers et élèves qui apprennent la technique du tournage. Le thème sera découvert le lundi en fin d’après-midi quand ils montreront l’ensemble des objets qu’ils ont fabriqué. Egalement un atelier d’initiation pour enfants et parents, par des élèves du Diplôme des Métiers d’Art d’Antibes qui viennent animer ces ateliers encadrés par deux professeurs.

Il y aura une exposition thématique d’artistes danois pendant quinze jours à la Galerie Ravaisou. C’est en partenariat avec la ville de Bandol. Nous essayons de les avoir présents pour pouvoir avoir des échanges sur le métier. Il y a des rencontres avec les professionnels et un forum public le samedi avec des conférences et démonstrations techniques toute la journée. Une artiste danoise était directrice du Musée des Arts Décoratifs et du Design de Copenhague. On propose beaucoup d’informations au public, notamment des livres. Nous organisons un concours en partenariat avec une fonderie d’art, l’artiste lauréat pourra couler sa céramique en bronze. La gagnante de l’année dernière Dominique Stutz, une jeune céramiste alsacienne, présente ses œuvres cette année. Le vernissage de l’exposition en présence des artistes danois aura lieu vendredi 30 mars.

Le marché est très populaire, le public y fait de belles découvertes. La première année est gratuite pour six céramistes nouvellement installés.  Nous avons une trentaine de demandes de nouveaux installés, il y a un beau renouveau de la céramique. C’est assez différent de ce que j’ai connu, les artistes aujourd’hui ont tous un bac+4, une licence d’arts plastiques. On sent qu’il y a un attachement à ce que ça devienne des objets hors du commun. Ça se libère beaucoup.

Nous avons le plaisir d’inviter Jean-Jacques Dubernard, un céramiste qui a repris un atelier dans la Drôme et travaille comme il y a cent-cinquante ans, et de confronter cela à la nouvelle génération.

Nous aurons également Ingrid Van Muster, une jeune française, qui vit de la Céramique, avec un beau travail créatif, et qui va faire des démonstrations. Elle expose à Londres, à Paris… et à Bandol.

 

Quelle est la spécificité de cette école danoise ?

D’abord on la connait peu. Un collègue français, Jean-François Thirion vit au Danemark et nous a donné des noms de céramistes. Nous avons fait notre choix et décidé de les contacter et de présenter leurs œuvres. C’est facile de faire venir les artistes à Bandol, c’est la Côte d’Azur, et après trente ans l’événement est reconnu. Depuis une cinquantaine d’années, il y a des artistes contemporains qui se sont appropriés la céramique et se sont sont démarqués de son côté utilitaire. Louise Hindsgavl reprend ces figurines anciennes que l’on trouvait sur les étagères de nos grand-mères et les détournent de façon trash ou revendicative. Il y a des artistes danois très reconnus, certaines pièces sont d’une grande valeur, notamment celles de Morten Lobner Espersen, qui expose partout New-York, Stockholm, Japon, Corée. Il y a étudié en France, à l’école Duperré de Paris.

 

Comment travaille-t-on la céramique ?

On trouve de l’argile partout, plutôt au bord des rivière ou des lacs. Dès qu’il y a cuisson ça devient de la céramique, on la cuit pendant six à huit heures, puis il faut que ça sèche. Un four à potiers cuit à minimum 1000° C, en fonction des techniques, la température augmente pour devenir plus légère ou solide. A 1300° C on obtient de la porcelaine. On a fait de la céramique dans certains endroits parce qu’il y avait de l’argile et de l’énergie pour la cuire. Certains, comme Limoges, sont plus connus car des artistes s’y sont installés. La nouvelle génération utilise toutes les techniques. Dans les précédentes éditions, nous avons fait venir des céramistes d’Italie, du Japon, qui est connu pour sa céramique, de Corée, d’Allemagne, d’Angleterre, de Catalogne, des Etats-Unis. Certains pays ont été précurseurs, telle la Chine.

 

Votre coup de cœur de cette édition ?

Les jeunes céramistes, ils ont foi dans leur travail. J’espère que ce sera récompensé par l’achat par le public, car il est important d’arriver à vivre de ce qu’on aime. Les jeunes ont cette envie de trouver du sens dans ce qu’ils font. Ils ont énormément de mérite à être indépendant, je leur souhaite que ça réussisse. Le Printemps est là pour ça, c’est un des premiers marchés créés. Dautres sont nés à la suite, ça a créé une dynamique, ça a permis à beaucoup de gens de découvrir ce que l’on fait. Certains aficionados ou galeristes viennent de loin. Ce n’est pas de la poterie simple, mais elle est ouverte à tous. Les prix vont de 5 à 500 €. Ça peut aller du petit bol, au pichet, à la petite sculpture. Il faut prendre le temps de regarder et d’échanger avec les céramistes qui sont derrière leur stand et qui ont plaisir à raconter ce qu’ils aiment faire.

 

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