Pierre Provoyeur et Chantal Meslin – Perrier – L’ HDE remet le couvert

| ARTS PLASTIQUES

La table, un art français – Du XVIIe
siècle à nos jours
Hôtel Départemental Des Expositions du Var – Draguignan
17 décembre 2021 – 6 mars 2022

L’Hôtel Départemental des Expositions du Var remet le couvert avec une seconde exposition en mettant un nouveau sujet sur la table qui s’intitule, qui plus est : « La table, un art français – Du XVIIe siècle à nos jours ». Les deux commissaires nous mettent en appétit avant d’aller visiter l’exposition.

Comment ce sujet a-t-il été défini ?

PP : Nous sommes tous les deux conservateurs généraux honoraires du patrimoine. Toute notre carrière, nous avons travaillé dans le domaine des musées et plus spécifiquement pour ma collègue Chantal Meslin Perrier, dans le domaine des arts décoratifs, puisqu’elle a dirigé le musée national Adrien Dubouché de Limoges, grande capitale de la porcelaine. Quant à moi, j’ai été conservateur dans plusieurs musées dans différents domaines, mais j’ai été chargé des arts décoratifs quand j’étais à l’Inspection Générale des Musées, donc nous connaissions bien ce sujet. Nous avons été sollicités par le Département du Var parce que nous avions déjà travaillé sur le sujet de la table et nous avons fait cette recherche en trois années.

Quelles sont vos plus belles découvertes ?

PP: Nous avons fait une tournée complète des musées concernés, dans les réserves et dans les salles d’une trentaine de collections. Après avoir vu ces objets « incognito », il y a eu un certain nombre de surprises. La plus belle est celle d’un centre de table au musée de Grenoble, fait en orfèvrerie de la Maison Christofle et en cristaux de la Maison Baccarat, qui se trouvait dans les tiroirs depuis 1949 et n’en était jamais sorti. Il n’était pas en très bon état, alors nous l’avons fait restaurer et il a ressuscité. À Nancy, nous avons trouvé une fontaine de table dont on n’avait jamais imaginé le fonctionnement. Cette très belle architecture complexe était animée de jets d’eau et a nécessité une véritable réflexion qui a donné lieu à une vidéo permettant de comprendre comment elle s’animait et se mettait à chanter, le bruit de l’eau accompagnant le spectacle visuel.

Qu’avez-vous imaginé pour la scénographie ?

PP: Toute exposition en arts décoratifs nécessite une théâtralisation. On pense toujours aux pièces de vaisselles, mais elles sont posées sur du linge, placées sur des tables entourées de sièges dans une pièce appelée depuis le XVIIIème siècle « salle à manger ». Nous en avons reconstitué une des premières, grâce à une gravure de la BNF qui s’appelle « Le souper fin », avec les véritables objets de l’image. Nous avons ajouté la lumière et le décor. Ce mélange de théâtralisation et de présentation traditionnelle, avec des objets qui sont souvent en vitrine pour des raisons de sécurité et rassemblés parfois selon l’usage, la chronologie ou la typologie, fait que le parcours est très varié. On finit avec une salle consacrée au design avec un centre de table de six mètres de long qui est une œuvre contemporaine réalisée à la Manufacture de Sèvres par deux sculpteurs : Anne et Patrick Poirier.

Comment avez-vous pensé le catalogue ?

CMP: On ne l’a pas pensé comme un catalogue classique, objet par objet. Il apparaît plus comme un livre que comme une notice. L’idée est de montrer leur développement historique et de les resituer dans leur contexte. Il ne suffit pas de dire qu’on mange avec un couteau et une fourchette. Il y a de nombreux objets dont on a oublié l’usage, et qui d’ailleurs pour certains restent toujours flou. J’ai beaucoup insisté sur le sujet. On explique donc pourquoi ils sont présents, tout en citant de nombreuses personnes et des dizaines d’ouvrages de littérature des différentes époques que nous avons étudiées de façon minutieuse pour que le public se projette dans un autre temps, pour rendre les choses plus vivantes.

Maureen Gontier

Décembre 2021