Raphaël Dupouy – Lumière sur une exposition unique

« Entre terre et mer » à La Villa Théo au Lavandou, jusqu’au 6 janvier

La Villa Théo propose sans cesse de nouveaux regards poétiques sur le territoire du Lavandou. Pour cette fin d’année, le paysage se fragmente dans l’œil d’Éric Bourret pour se reconstruire sous nos yeux.

Après l’exposition estivale, comment s’annonce la nouvelle saison ?
Pour tenir compte des divers publics fréquentant la Villa Théo, notre programmation alterne artistes classiques et artistes contemporains. Ainsi, nous touchons de plus en plus de monde du Var mais aussi d’autres départements et nous essayons de les fidéliser en laissant l’entrée gratuite. Cet été, avec l’exposition consacrée à Henri-Edmond Cross, nous avons bénéficié d’une bonne communication, dont beaucoup de presse nationale, grâce au partenariat avec le Musée de l’Annonciade. Cet automne, nous proposons de découvrir l’artiste Éric Bourret.

Comment s’est créée l’occasion de travailler avec Éric Bourret ?
Je l’ai rencontré il y a plus de dix ans dans l’environnement des photographes marseillais et nous avons sympathisé. On se voyait régulièrement et je rêvais de l’inviter à faire une résidence d’artiste. Cet artiste sait ce qu’il vaut, il marche très bien et il est très professionnel. Nous l’avions exposé une première fois au Lavandou en 2011 sur son travail autour des sites archéologiques ancestraux (Syrie, Jordanie, Egypte, Liban et Yémen) avec un autre photographe de l’extrême, Gautier Deblonde. Comme le Département du Var possède des œuvres d’Éric dans sa collection d’art contemporain, nous les avons empruntées dans le cadre d’un partenariat, mais en avons profité pour enrichir cette exposition d’un travail de résidence. Pour cela, Éric est venu deux fois quinze jours, en décembre 2022 et janvier 2023 pour travailler sur le territoire du Lavandou. C’est quelqu’un qui a beaucoup de commandes de la part de parcs nationaux ou régionaux, car il s’immerge dans le paysage et en tire un travail très apprécié.

Qu’est-il ressorti de cette résidence ?
Éric Bourret a produit deux séries de photographies. La première sur la Route des Crêtes que je lui avais conseillé d’arpenter. C’est un endroit merveilleux, avec une végétation très typique. Il a finalisé un mur d’images composé de trente photographies de cet arrière-pays avec une colorimétrie très soignée. Toute la luxuriance des chênes-lièges et la végétation jaillissent de la pierre. Il a aussi fait des photographies sur le sentier du littoral, qu’on a présentées de façon très aérée. On voulait que ça respire et que chaque œuvre soit valorisée. L’artiste a pensé ses tirages en fonction de l’espace d’exposition. L’accrochage est très équilibré entre les oeuvres du Département sur la forêt de la Sainte-Baume, le magnifique dyptique sur la Sainte-Victoire, et enfin, posée au sol, une vue de la mer depuis une falaise en noir et blanc, très troublante en terme de matière, intitulée « Kosmos ». Habituellement, en tant que photographe marcheur, Eric travaille en multiple exposition ; il entremêle plusieurs images nettes et cela crée une vibration ; mais avec cette lumière méditerranéenne d’hiver au Lavandou, il a choisi de travailler avec une exposition unique, tout en atteignant le même degré d’abstraction.

Un petit scoop sur la suite ?
Nous travaillons actuellement sur les expositions qui auront lieu en 2024. La prochaine s’appellera « Intimes intérieurs ; natures mortes, bouquets et autres vies silencieuses ». Elle réunira des peintures classiques et des photographies contemporaines avec l’idée de séduire des publics très différents !
Maureen Gontier

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