Raphaël Mahida-Vial – Apparence paysagère

Il existe une union imperceptible entre un espace commun et celui d’une installation circassienne. Raphaël est un artiste qui cherche à rendre concret le momentané. Il décrit l’impact des cirques sur le paysage, le schématise et finit par le virtualiser. Car, rappelons-le, le cirque est issu d’une démarche artistique hors du commun, que ce soit par ses représentations ou par son mode de vie.

L’exposition « Paysages en mouvement », sur laquelle vous êtes quatre artistes en collaboration, est née d’un projet de recherche qui entend interroger la notion de paysage au travers de diverses disciplines. Que pourriez-vous me dire à ce sujet ?

Cette exposition a été mise en place par le directeur des Beaux-Arts de Marseille. A partir de la quatrième année, les élèves des Beaux-Arts sont confrontés à une thématique, sous la forme d’un cours appelé « arc ». Ce cours est dirigé par des artistes intervenants. Nous sommes quatre et nous exposons en même temps à La Galerie de l’École à Toulon, qui sert aux anciens diplômés des Beaux-arts. Pour moi, cette exposition mêle pratique et théorie. Côté pratique, car c’est l’exposition de mon art, en lien avec les Beaux-Arts. Côté théorique car je m’en sers pour ma thèse dans le cadre de mon doctorat en Arts Plastiques et Sciences de l’Art à Aix-en-Provence. Le fait de pouvoir mener cet arc me permet aussi de me situer en tant que futur professeur aux Beaux-Arts.

Votre travail pour cette exposition, en lien avec votre thèse, est centré sur les traces des circassiens, pourquoi cet intérêt ?

Ce qui m’intéresse le plus dans le cirque, c’est son installation. Ma thèse s’intitule : « Passage d’un cirque. Restes d’une apparence paysagère ». Elle est constituée de trois parties : avant l’installation du cirque, autour, et après. Ici à Toulon, on voit l’après. Une photo se duplique tout au long de ma thèse, celle du parking des plages du Mourillon, elle voyage, de par mes déplacements, grâce à internet et aux cirques également. Pour ce projet, j’entretiens une correspondance avec des circassiens autour du monde. En tant qu’artiste, je rends visible des paysages éphémères, auxquels nous ne faisons pas attention au quotidien. A La Galerie de l’Ecole, on peut voir plusieurs projections : des vues aériennes prises avec Google Earth des traces d’installations, la projection d’une caravane, ainsi que d’anciennes photographies que j’avais faites. Mais je ne fais plus de photo maintenant, je les fais faire.

En parlant de photographie, nous avons pu voir que vous teniez un compte Instagram « HashtagToulon » qui regroupe des photos sur lesquels le hashtag a été mentionné, pourriez-vous m’expliquer cette démarche ?

C’est une branche qui s’éloigne un peu de ce que je fais, mais pas tant que ça finalement. Je me suis retrouvé en résidence aux États-Unis et Toulon me manquait. J’ai donc créé ce compte Instagram (« hashtagtoulon ») pour collecter des images qui me sont envoyées par des toulonnais, ainsi que des gens de passage. Les internautes ont commencé à utiliser ce hashtag régulièrement, permettant d’agrandir la collection. Du coup j’ai pu publier une photo par jour, créant une communauté, et le compte est devenu une sorte de corpus alimenté de jour en jour. J’ai des correspondances du monde entier. Donc ce que je fais avec le #hashtagtoulon se relie à ma thèse, parce que ces correspondances sont éphémères, elles durent une journée en soi. Je fais aussi faire des photos aux circassiens, je les confronte à des choix, parce qu’ils savent que la photo sera exposée, ou projetée. La plupart du temps ce sont des projections car le côté matériel ne m’attire pas, et ça permet une économie de matière, tout en gardant le geste du photographe.