Rémy Kertenian – Le choc des photos !
“Paris Match, Archives de modes 1950 – 2025“ jusqu’au 17 janvier à la Maison de la Photographie à Toulon.
Rémy Kertenian, Directeur des affaires culturelles de la ville de Toulon, est également commissaire général de l’exposition “Paris Match, Archives de modes 1950 – 2025“, actuellement visible à la Maison de la photographie de Toulon. Une visite qui propose un moment suspendu entre glamour et froufrous…
Vous êtes historien de l’art, spécialisé dans les arts décoratifs, les costumes et la mode, faire un choix de photos sur la mode dans les archives de Paris Match a dû être difficile…
Depuis sa création en 1949, Paris Match s’est imposé comme une référence majeure du photojournalisme, conjuguant rigueur de l’information et esthétique de l’image. Avec plus de deux cents couvertures dédiées, fait inédit pour un magazine généraliste, la mode a toujours été au cœur de la ligne éditoriale. Dès sa première année de parution, le magazine relate les collections saisonnières de la Haute Couture. Et, c’est grâce à l’amicale complicité de Marc Brincourt, ancien rédacteur en chef photo du magazine aujourd’hui en charge des archives, que cette exposition a pu voir le jour. Ce travail commun a facilité la sélection au milieu des milliers de clichés proposés. Les archives photographiques de Paris Match sont une mine pour tous les historiens de l’époque contemporaine… quels que soient les sujets.
Comment avez-vous réalisé ce choix, et parlez-nous des clichés retenus.
J’ai organisé cette exposition en plusieurs sections permettant de découvrir comment Paris Match a pu traiter la mode dans ses colonnes au fil des décennies. On commence par les portraits des grandes figures. De Christian Dior – le premier à faire la couverture en 1950 – à Jean-Paul Gaultier en passant par Jacques Fath, Gabrielle Chanel, Yves Saint Laurent, Hubert de Givenchy, Mary Quant, André Courrèges, Pierre Cardin, Karl Lagerfeld, Kenzo, Christian Lacroix, Gianni Versace, Thierry Mugler,… Puis nous évoquons les coulisses des grandes maisons avec le travail des studios et des ateliers. Cette démarche est d’ailleurs très particulière. Montrer le travail des ouvrières, du geste précis, de la main à l’œuvre, n’était pas dans l’ADN de la grande presse de mode. Là, Match innove encore. L’exposition se poursuit avec les évolutions majeures de la mode depuis le New Look des 50’s. Défile sous nos yeux la révolution de la mini-jupe et de la liberté de la femme, le mouvement hippie, la mondialisation du secteur et le phénomène des supermodels. Enfin, un hommage est rendu aux égéries de la mode – d’Audrey Hepburn avec Givenchy à Catherine Deneuve pour Yves Saint Laurent – et aux liens de celles-ci avec le monde de l’art.
Quelle place occupe la mode en 2025, au temps des réseaux sociaux et de la fast fashion ?
Celle qui lui est due. Traitée comme phénomène de société incontournable, elle conserve au sein du magazine un traitement de choix. Au-delà de choix éditoriaux qui ont évolué avec le temps, Match a su rester le reflet de la société contemporaine avec ses bonheurs, ses drames, ses excès.
Quelle vision de Paris Match les gens ont-ils aujourd’hui ?
Paris Match est un magazine ancré dans l’Histoire de notre pays et dans la mémoire collective. Il reste un des supports privilégiés pour les photojournalistes. People, actualité internationale, lifestyle, phénomènes de société, il continue d’aborder tous les sujets… Nous avons toutes et tous, un jour ou l’autre feuilleté et lu Paris Match. C’est un des monuments de la presse française depuis plus de soixante-dix ans.
Weena Truscelli.