Rosela Libertad – Paysages intérieurs.
Atelier le 23 avril à Brignoles, concert le 25 avril à La Fraternelle à Correns
Née en Argentine et musicienne depuis l’enfance, Rosela Libertad habite depuis quelques années à Bastia. Avec Luca Falomi, talentueux guitariste génois, ils feront résonner au Chantier de Correns des interprétations expérimentales de la musique traditionnelle argentine.
Pouvez-vous nous résumer votre parcours de musicienne de l’Argentine à la France ?
J’ai commencé toute petite, car mon père était musicien amateur, et c’est lui qui m’a ouvert le chemin de la musique. J’ai chanté sur scène dès mes huit ou neuf ans, et participé à des concours de niveau national, ainsi qu’à différentes scènes très importantes dans mon pays, l’Argentine. Puis, finalement, en 2020, le producteur de musique corse Stéphane Casalta a remarqué mes vidéos, mon travail sur internet, et m’a contactée pour que nous travaillions ensemble. La première étape s’est faite en distanciel, puis je suis venue en France grâce à un visa d’artiste. En 2021 je me suis donc installée en Corse, et c’est là, durant un concert, que j’ai rencontré le directeur du Chantier de Correns.
Est-il secondaire pour apprécier la musique de la llanura (milongas, estilos, zambas, valses, tangos) – qui est la base de votre répertoire – de comprendre le texte ?
Je suis contente que vous me posiez cette question, parce que la musique que je fais, même si elle est composée de prouesses rythmiques, de belles mélodies, et que l’accompagnement musical créé une ambiance autour du texte, repose sur un fort contenu d’anciens textes qui est très important. Donc, pour ceux qui ne comprennent pas l’espagnol, j’essaie toujours pendant les concerts, entre chaque chanson, d’expliquer le contexte. Je raconte le pourquoi de la naissance des chansons et je traduis même parfois des parties de textes.
Parlez-nous de votre musique avec Luca Falomi, guitariste génois présent avec vous au Chantier de Correns ?
Justement en ce moment Luca et moi sommes en plein enregistrement en Italie. Luca est génois, et les génois sont très présents dans l’histoire de l’Argentine (par ailleurs, je suis d’origine piémontaise). Le football est très important en Argentine et il y a un quartier de Buenos Aires, La Boca, où l’équipe Boca Juniors – qui est une équipe incontournable – est surnommée Los Xeneizes (Les Gênois). Il y a une longue histoire de migrations, de passerelle culturelles entre nous, et Luca est une personne très éclectique, il est très curieux. Nous nous comprenons vraiment bien et, dans notre musique, il apporte le coté plus jazz et expérimental. Mais nous ne jouons pas sur des instruments étranges, nous utilisons nos guitares et des instruments traditionnels. Ce qui est expérimental dans nos créations se situe au niveau du ressenti de chacun, de la façon d’interpréter les morceaux. J’apporte mon savoir faire traditionnel et Luca sa connaissance et son expérience des musiques du monde, la symbiose se trouve là.
Que se passera-t-il pendant l’atelier du Chantier de Correns durant lequel il sera possible de découvrir la richesse de la musique argentine ?
Nous allons faire découvrir aux personnes présentes certains rythmes argentins moins connus du public, essayer d’en expliquer la partie percussive, puis tenter de chanter un peu ensemble. J’interpréterai également quelques chansons, afin de donner un cadre à tout ce nous aurons partagé. Je suis très contente de pouvoir faire cette expérience, nouvelle pour moi, même si je fais parfois des ateliers avec des collégiens, cette résidence inclut d’autres publics, et je remercie le Chantier d’avoir pensé à Luca et moi pour toutes ces activités.
Weena Truscelli