Samuel Chaigneau – Tout feu tout flamme !

Hors-série Sacrée Musique 2022 #2   

Les concerts de Sacrée Musique ! doivent en partie leur succès et leur originalité aux illuminations créées spécialement pour chaque concert, à base de milliers de bougies. Créateur passionné et technicien aguerri, Samuel Chaigneau nous éclaire sur la scénographie du Festival et la beauté de ce patrimoine sacré.

Qu’est-ce qui vous a amené à créer vos structures lumineuses ?
Je suis juste quelqu’un de très bricoleur. J’ai travaillé pendant quelques années dans une métallerie à la soudure. Puis j’ai rencontré un ami qui créait une société pour faire des illuminations à la bougie. Mes envies m’ont poussé à découvrir de nouvelles techniques et à imaginer de nouvelles structures. Côté technique, nos bougies sont des bocaux en verre remplis de cire liquide. Soit on les pose au sol librement, soit on les accroche avec des chaînes sur des suspensions originales de grande taille, en forme de spirales, rideaux, chandeliers ou candélabres.

Quel est votre lien au Festival Sacrée Musique ?
J’ai travaillé depuis 2017 sur des projets avec Jean-Baptiste Brejon, qui par la suite a eu l’initiative du Festival. Dès le départ, nous avons créé ce concept d’illumination à la bougie pour mettre en valeur des lieux de patrimoine. L’accueil du public a été tel qu’on a décidé de développer à fond ce concept. Le but est de permettre au grand public de vivre une expérience immersive de beauté. Progressivement, les bougies ont pris de plus en plus d’importance, avec une grande place laissée à l’art et à la créativité, toujours au service du lieu et de la musique.

Comment la scénographie s’organise-t-elle ?
On décide des lieux où l’on va pouvoir faire ces soirées de concerts avec l’équipe et les acteurs concernés, puis j’investis chacun des espaces. On dispose d’un certain nombre de structures existantes qu’on enrichit chaque année de nouveautés. En fonction de chaque endroit, on dispose les bougies de telle ou telle façon. C’est important de s’adapter à l’architecture, car chaque église est unique. On se rend compte la plupart du temps qu’il faut changer les plans par rapport à ce que l’on avait imaginé. C’est impossible d’arriver avec un schéma tout prêt ! On doit également tenir compte du style de musique qui se jouera et des besoins des artistes.

Quel est votre rapport à ce patrimoine sacré ?
On a travaillé dans pas mal d’églises, chapelles, basiliques ou cathédrales en Europe, mais dans le Var, toutes les églises sont belles (rires)  ! Ces lieux centenaires se prêtent formidablement à l’illumination par la bougie. Des personnes qui connaissent déjà les lieux nous ont souvent témoigné avoir redécouvert ce qu’ils pensaient déjà connaître ! La plupart des édifices sont en pierres massives, et les bougies subliment véritablement cette matière. Il faut se rappeler qu’elles ont été construites à une époque où il n’y avait pas d’électricité ! C’est une plongée dans l’esthétique de ces temps-là que l’on propose. La bougie crée une atmosphère d’intériorité et d’intimité. Cela met le public dans de bonnes dispositions, permet d’ouvrir l’esprit. Comme une cheminée qui révèlerait la vie d’une maison, la flamme réchauffe, et en la voyant on se sent bien. Nous prévoyons environ mille-cinq-cents bougies par soirée.

Est-ce que c’est votre record ?
C’est une moyenne, mais notre record est de cinq mille bougies, à l’occasion des huit-cents ans de la cathédrale d’Amiens, la plus grande cathédrale gothique de France… Celle de Paris tiendrait dans celle d’Amiens ! Il nous a fallu une semaine à douze personnes pour préparer l’illumination.

Maureen Gontier

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