Sean Gandini – La magie du jonglage.
>> »nEither Either botH and » du 17 au 19 janvier à Châteauvallon à Ollioules « Heka » les 24 et 25 janvier au Pôle au Revest
La compagnie Gandini Juggling, de Sean Gandini et Kati Ylä-Hokkala, est pionnière dans l’art du jonglage. Sur une invitation du PÔLE, Arts en Circulation, ils seront en résidence au Revest pour recréer leur spectacle qui a révolutionné le monde du jonglage, « nEither Either botH and » qu’ils présenteront à Châteauvallon, avant de donner « Heka » au PÔLE, un spectacle qui allie jonglage et magie. Sean nous parle de son parcours et de son exploration constante des limites de cette discipline.
Vous revisitez votre spectacle fondateur, nEither Either botH and. Qu’est-ce qui rendait ce show si novateur à l’époque ?
À l’époque, le jonglage était encore perçu comme un art essentiellement classique, cantonné aux cirques et aux spectacles de rue. L’idée d’un spectacle de jonglage d’une heure n’avait presque jamais été explorée, mis à part un peu par Jérôme Thomas. Nous avons voulu mêler le jonglage à la danse postmoderne américaine, inspirée par Trisha Brown et Merce Cunningham. Ce mélange était inédit à l’époque : ce n’était ni du cirque, ni du jonglage traditionnel. Cela remettait en question la manière de percevoir le jonglage et son potentiel artistique. Aujourd’hui, ce genre d’approche est plus accepté, mais à l’époque, c’était une véritable révolution.
Pourquoi avez-vous souhaité revisiter ce spectacle, et comment allez-vous le réinterpréter ?
Nous souhaitons rester fidèles à ce qu’était le spectacle à l’époque, tout en le confrontant à ce qu’il évoque aujourd’hui. C’est une sorte d’expérience : est-ce que cette œuvre a encore une vie propre ou devient-elle une pièce de musée ? Nous voulons voir comment ce spectacle dialogue avec nos corps et nos esprits d’aujourd’hui, en tenant compte des décennies de savoir et d’expériences que nous avons accumulées depuis ; et également la façon dont le public le reçoit aujourd’hui, avec ses connaissances et ses aspirations.
Que travaillerez-vous lors de votre résidence au PÔLE au Revest ?
Le spectacle est extrêmement complexe, notamment dans son rythme, même si son esthétique est minimaliste. Cela demande beaucoup de rigueur et d’entraînement. Nous ne l’avons pas joué depuis trente ans, il s’agit presque d’un retour vers nos anciens nous-mêmes. C’est un défi excitant et un exercice fascinant pour nous reconnecter avec ce vocabulaire artistique.
Votre nouveau spectacle, « Heka », mêle jonglage et magie. Quels liens voyez-vous entre ces deux disciplines ?D’une certaine manière, elles sont à la fois très similaires et très différentes. En magie, le but est de cacher : le magicien cherche à dissimuler pour créer l’illusion. En jonglage, au contraire, tout est visible. La magie repose sur la narration, c’est comme une bonne blague : elle doit avoir un début, un milieu, une fin, on ne peut pas en raconter la moitié, alors qu’en jonglage on peut apprécier des parties du spectacle seules. Mais les deux disciplines reposent sur la maîtrise d’un geste précis. Nous avons cherché à fusionner ces deux approches dans « Heka », en explorant ce qui se passe quand le magicien devient danseur ou si un jongleur a « quatre ou six mains ». C’est à la fois structuré et ludique.
Pouvez-vous nous donner un aperçu des performances que le public découvrira dans Heka ?
Le spectacle explore des idées magiques appliquées au jonglage. C’est comme une danse. Par exemple, nous jouons avec des objets qui semblent flotter ou des illusions d’optique, mais toujours dans une dynamique de jonglage et avec une approche chorégraphiée. Chaque représentation est différente, mais l’objectif reste de captiver le public avec une sensation de magie et de poésie. Les retours des spectateurs sont souvent très émouvants : ils repartent émerveillés, avec le sentiment d’avoir vécu un moment hors du temps.
Pourquoi avoir choisi le jonglage comme discipline de prédilection ?
Quand j’étais enfant, ce qui m’intéressait c’étaient les tours de magie ! Mais, un jour, j’ai rencontré un jongleur de rue, ses balles m’ont fasciné et j’ai su que je devais apprendre cet art. Plus tard, j’ai rencontré ma femme, qui était gymnaste rythmique, et cela a ouvert encore plus de possibilités. Depuis trente ans, nous explorons toutes les façons possibles d’utiliser le jonglage comme un langage artistique. Nous avons eu la chance de faire de notre passion un métier, et parfois, la frontière entre le travail et la vie personnelle devient floue. Voyager, répéter, créer… c’est une aventure sans fin.
Fabrice Lo Piccolo
Retrouvez l’extrait du spectacle Heka
En savoir + : Heka & nEither Either botH and