SERGE BROMBERG – Les nouvelles dimensions de la restauration

« Charlot, Octave & Bobine » – 13 novembre au Pradet

Chercheur de pellicules précieuses dans le monde entier, cet archéologue de films anciens a restauré deux courts métrages de Chaplin à l’origine de la création du ciné-concert “Charlot, Octave & Bobine”.

 

Comment en êtes-vous venu à restaurer votre premier film ancien ?

La restauration d’un film ancien ne répond pas à l’envie de réparer une pellicule, mais à l’envie de montrer un film dans de bonnes conditions à un public. Lorsque je restaure un film, in fine ce que je restaure avant tout, c’est le spectateur. Notre premier film était l’Atalante de Jean Vigo, dont nous avons restauré le son en 1989. Auparavant, je m’adonnais à la recherche de films perdus dans les caves et les greniers, car la moitié des films tournés ont aujourd’hui disparu. Leur redécouverte passe nécessairement par la recherche effréné de bobines anciennes.

 

Depuis les années 90, vous êtes devenu la référence…

On a l’impression que je suis omniprésent mais Lobster c’est vingt-cinq personnes qui travaillent au quotidien et il y a d’autres sociétés qui font la même chose. Pour restaurer les douze films de Chaplin, il a fallu s’associer avec la cinémathèque de Bologne pour faire des recherches de copies et de fragments en état catastrophique dans le monde entier. Tout démarre toujours par une communauté d’efforts. La réalité c’est qu’on ne voit à l’image que les films qui ne sont pas perdus.

 

Quelles ont été les étapes de restauration pour « Easy street » et « The Adventurer » ?

Comme pour toutes les restaurations numériques, la première étape est toujours la même. On extrait le contenu du film en lisant de la meilleure manière possible, les meilleurs éléments possibles. Il faut chercher toutes les sources survivantes. Ça peut prendre des années ! On réunit les copies et on les compare : la qualité, le nombre de collages, les titres. Les éléments doivent être lus sur les machines qui leur correspondent. Une fois que toutes les images ont été lues et scannées sur des machines très complexes, il y a une retouche image par image, avec des logiciels. Et la dernière étape, c’est la présentation : est-ce qu’on recadre, accélère, est-ce qu’on met une musique, etc.

 

Vous qui êtes à l’origine de la première société à restaurer le son des films, que pensez-vous de l’idée des Voix animées pour cette création de partition originale ?

Étonnamment, le premier film qui m’ait été donné de voir sur grand écran fut Charlot au Music Hall à la maison sur un projecteur super 8 à mes dix ans. Ma découverte du cinéma d’un autre temps est étroitement associée à Chaplin. Il est mort en 1977 et il avait indiqué dans son testament qu’il tenait à ce que ce soit uniquement sa musique qui soit jouée pour les films qu’il avait produit. Hors de 1914 à 1917, ses films étaient produits par Mutual, dont nous sommes les héritiers ayant droit. Cette réserve ne s’appliquait donc pas pour cette période. Cela nous permet aujourd’hui d’imaginer librement des spectacles, des univers sonores, des variations qui ne prétendent pas être authentiques, mais utilisent le génie de Chaplin comme assise de création d’un spectacle nouveau. C’est la liberté de gens comme Luc et Laurence qui permet de faire émerger des dimensions nouvelles pour ces films. Leur spectacle est génial : c’est un grand écart de cent ans d’écart qui valait le coup d’attendre.

 

Message au public : Si vous savez où trouver des bobines anciennes même très rouillées, contactez-les au 01.43.38.69.69 ou à info@lobsterfilms.com