Serge Fino, Une aventure humaine.

Du 30.08 au 01.09
Dédicaces

 

Le toulonnais Serge Fino est un des dessinateurs emblématiques de notre région. Autodidacte, il a commencé chez les éditions Soleil de Mourad Boudjelal. Depuis, il a realisé de nombreuses séries à succès : La Couronne de Foudre, Angeline, Starblood, et même le nouveau Pif. Il nous présente sa nouvelle oeuvre, une adaptation de la biographie du navigateur toulonnais Sébastien Destremeau : Seul au monde.

 

Qu’est-ce qui vous a intéressé dans l’histoire de Sébastien Destremeau ?
Ce n’est pas seulement l’histoire d’une course qui ne serait pas intéressante pour un public large. Mais plutôt pourquoi il s’est lancé dans cette aventure, alors que, son métier étant régatier, il a l’habitude de courir sur un bateau pendant deux heures, avec un équipage. Là il a fait le tour du monde sans escale, sans assistance. C’est la course la plus difficile au monde. Dans le livre, il alterne entre course et flashbacks, enfance, adolescence, jeune adulte. Son bateau n’était pas le meilleur, il avait un budget de 400 000 euros alors que d’autres avaient plusieurs millions. Je l’ai croisé sur un salon dans une période où je cherchais une histoire à raconter, une aventure humaine. J’adore aussi tout ce qui touche la mer et aux bateaux. Et l’histoire se passe dans ma région : Ollioules, Porquerolles, Le Castellet. Depuis longtemps, j’avais envie de remettre dans leur contexte des tranches de vie qui se passent ici.

C’est un travail particulier de retranscrire des personnages existants ?
Complètement. J’ai bien sûr essayé de représenter Sébastien tel qu’il est. Certains personnages sont ressemblants, d’autres moins. Mais c’est une famille très soudée, et quand j’envoyais des crayonnés à Sébastien il faisait suivre à toute la famille. A certains moments ça posait problème, comme avec sa prof de français qui n’est pas fidèle, car je ne sais pas à quoi elle ressemblait. Sa mère était en colère ! Mais je leur ai répondu que ce n’était pas un problème, que pour le lectorat, ce n’est pas ce qui compte. Ce qui compte, c’est ce que je fais passer, la lisibilité, plus que la fidélité de la voiture, ou de la taille du mât.

Après l’arrêt du festival de Solliès ce nouveau festival de BD est plutôt une bonne nouvelle…
Solliès était une institution. Pascal Orsini avait débuté à Hyères, et Solliès existait depuis très longtemps. Mais c’est une très bonne nouvelle car dans le sud les salons de BD se sont un peu dispersés, il y en a moins. Bruno fait bouger tout ça. Nous avons le lectorat potentiel, les auteurs. Et ça se passe au centre-ville, c’est toujours appréciable un nouvel événement en centre-ville. C’est comme la Rue des Arts, ce sont de très bonnes nouvelles pour la vie de notre région.

Quelques conseils pour les jeunes dessinateurs qui veulent se lancer dans la profession ?
Tout est une question de temps, il y a des étapes. Quand j’ai commencé j’étais très heureux de signer mon premier contrat même si les conditions n’étaient pas très favorables. Puis on passe des paliers. Au début quatre mille ventes c’est déjà beaucoup, puis on veut faire plus. Ensuite on se demande ce que l’on veut vraiment raconter. On ne veut plus faire uniquement des commandes, ce qui était souvent le cas à mes débuts chez Soleil. Aujourd’hui j’ai la chance de choisir mes sujets. « Seul au Monde », je l’ai proposé et ça a été accepté tout de suite. Avant tout, cela doit rester un plaisir et une passion. C’est le moteur. C’est un luxe qui demande des sacrifices. Comme le dit l’adage, il faut remettre cent fois l’ouvrage sur le métier. Même après dix albums il ne faut rien lâcher. Les marchés artistiques sont compliqués aujourd’hui. Celui qui veut vraiment faire ce métier doit beaucoup travailler, c’est comme cela que l’on apprend. Il faut aussi demander conseil. C’est une chance de travailler dans ce petit milieu : nous sommes mille cinq cent auteurs environ en France, et l’on partage beaucoup de choses, des contacts, des contrats… J’ai côtoyé le monde du Cinéma où chacun est beaucoup plus paranoïaque, ça ne se passe pas du tout comme cela.