Stefan Orins – Ne pas dénaturer le film

Hors-série Fimé 2022 – Le samedi 12 novembre 2022 – Théâtre Denis à Hyères

Stefan Orins et Éric Navet ont été rejoints par Nicolas Mahieux pour enrichir leurs performances sur ce ciné-concert. Un duo percussions-piano auquel est venu se greffer la contrebasse, permettant ainsi de former ce trio qui sublime à merveille un grand film du cinéma muet.

Mettre en musique des films muets est un exercice que vous connaissez bien. D’où vous vient cette passion ?
En fait, j’ai un parcours un peu particulier. Je me destinais à être illustrateur pour enfants et finalement je suis devenu pianiste, ma seconde passion. Mais ce parcours-là a fait que l’image me parle et je travaillais souvent en musique lorsque je faisais mes illustrations, ce qui m’a beaucoup aidé. Pour le premier ciné-concert que l’on a créé en 1999 avec Éric Navet, on a travaillé sur « Le Caméraman » de Buster Keaton. J’ai tout de suite vu le rapport entre mes études d’art et le travail sur une image en mouvement.

Comment avez-vous l’habitude de composer ?
On rentre dans la psychologie des personnages, on fait en sorte qu’ils parlent via notre musique et que l’histoire parle également, la musique a un impact énorme sur les images. On regarde d’abord le film de manière complétement muette. On s’imprègne de l’histoire, des caractères des personnages et ensuite, on fait une première improvisation dessus, complètement libre. On réécoute et on voit ce qui va vraiment fonctionner avec telle scène, telle image. Souvent, on a déjà quatre-vingt pour cent de la musique à ce moment-là. Ensuite on va creuser, améliorer, travailler scène par scène et faire un peu du travail d’orfèvre. En faisant en sorte que l’on n’ait oublié aucun détail. Par exemple, quand il y a du texte, je vais laisser Nicolas jouer d’une façon particulière à la contrebasse, ce qui va ponctuer l’image à ce moment-là. On reste très libre, avec des plages d’improvisations, il y a des choses qu’on ne peut pas écrire, qui vont souligner l’image. Ça ne sert à rien de tout écrire, ça reviendrait un peu à figer quelque chose de vivant, on souhaite garder une certaine spontanéité.

Pourquoi avoir choisi le film « Nosferatu » ?
En fait, c’est une commande d’un festival qui nous a demandé de travailler sur une version restaurée de « Nosferatu ». On avait toujours rêvé de faire un concert sur ce film, c’est vraiment un cadeau que l’on nous a offert. Il y a beaucoup de gens qui ont travaillé sur ce film, car c’est un film clé du cinéma muet, et c’est un honneur d’avoir eu cette commande. On l’a créé juste avant les évènements en 2019 et ça a été un peu compliqué de le jouer, donc on prend beaucoup de plaisir aujourd’hui à pouvoir le faire.

En quoi consiste votre travail ?
Notre travail c’est de mettre encore plus en valeur le film. Ce sont des chefs-d’œuvre. Tous les films sur lesquels on a eu la chance de travailler sont des pépites du cinéma de l’époque. Lorsqu’on les visionne sans musique, il y a des choses qui peuvent nous échapper et le son va vraiment apporter une compréhension, une fluidité à travers les scènes.

Quelle est votre actualité ?
On a créé deux cinés-concerts, sur « Sherlock junior » un moyen métrage de Buster Keaton qu’on a eu l’occasion de déjà jouer plusieurs fois et aussi sur un court métrage qui s’appelle « Malec l’insaisissable » toujours de Buster Keaton. Et l’année dernière on a aussi créé « Gosses de Tokyo » de Yasujiro Ozu.

L’expérience ciné-concert en une phrase ?
Nous oublier et voir le film comme si la musique avait toujours été celle prévue pour ce film.

Julie Louis Delage

Nosferatu 

DE FRIEDRICH WILHELM MURNAU

Film muet – Noir & Blanc – Allemagne – 1922 – 92 min.
Avec Max Schreck, Greta Shröder, Gustav van Wangenheim.

En 1838 dans la ville fictive de Wisborg, Thomas Hutter, un jeune clerc de notaire ayant fait un heureux mariage avec Ellen, doit partir pour la Transylvanie afin de vendre une propriété au Comte Orlok qui désire avoir une résidence dans la ville. Durant la transaction, Orlok aperçoit une miniature d’Ellen qui le fascine et décide d’acquérir le bâtiment – proche de la maison du couple. Hutter, hôte du comte, ne tardera pas à découvrir la véritable nature de celui-ci.

Lien vers le site de FiMé Festival

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