Stéphanie Slimani – Peut-on être une femme complètement libre ?

Hors-Série Tisot 2023 – Centre Culturel Tisot – La Seyne-sur-Mer

Il me reste moi, le 3 mars – Peau d’Âne, le 18 mars

Stéphanie, metteur en scène toulonnaise bien connue de nos lecteurs, sera présente à Tisot cette saison avec deux spectacles, « Il me reste moi », sur des figures de femmes fortes, et « Peau d’âne » une adaptation du conte de Perrault.

Pour « Il me reste moi », qu’est-ce qui t’a donné l’envie de créer une pièce sur la femme ?
J’ai eu cette réflexion à l’époque #Metoo. Je trouvais que le mot femme était associé aux termes victime et fragile en permanence. On parlait de la féminité fragile, jamais de la féminité puissante ou obscure. Cette part-là de la féminité nous intéressait avec mon complice Benoît Olive. Nous avons réfléchi à des portraits de femmes et il en est sorti huit tableaux. J’y parle de la femme infanticide, de la créature mythologique, des veuves noires, des femmes en burn-out maternel. Tout ce qui compose aussi la féminité mais que l’on n’a pas forcément envie d’entendre ou de voir. Je m’interrogeais aussi sur ma propre place de femme libre. Peut-on être une femme complètement libre, puissante et seule ?

Dans tes spectacles, tu lies univers musical, univers de la marionnette et performance, pourquoi ces choix ?
Il faut le voir pour comprendre. C’est hybride. En tant que comédien, on le vit vraiment comme une sorte de rituel. La marionnette est présente pour m’accompagner, elle incarne la pureté de sa brillance, comparée à moi qui suis sombre d’apparence. Quand on rentre sur scène ensemble ça introduit de l’étrangeté dans le spectacle. Benoît, multi-instrumentiste, nous accompagne en live avec une succession de nappes qui viennent se superposer pour apporter une intensité.

Comment s’est déroulée la création avec Benoît Olive?
C’est quelqu’un avec qui je suis artistiquement et humainement liée, nous avons eu des interrogations communes au même moment. Je trouve que c’est un excellent compositeur et musicien. Je lui ai proposé mes textes et il a commencé à composer des bouts de musique. L’un sans l’autre, rien n’aurait de sens. Pour pouvoir travailler il faut être deux, c’est indispensable. L’échange, l’univers de l’un nourrit l’univers de l’autre. Ce projet a demandé presque un an de réflexion, rien n’est inventé. Je me suis inspirée de vrais témoignages. Ce spectacle, on y tient particulièrement pour son côté ovniesque.

Quel effet cherches-tu à produire sur le public ?
C’est un spectacle qui n’accuse pas les hommes de quoi que ce soit, mais au contraire c’est un sujet qui les concerne. C’est important de le dire, je ne porte aucun jugement de valeur. Je raconte des histoires, des portraits qui montrent que rien n’est décrété et que tout part de soi-même. Il peut permettre aux gens de réfléchir, d’échanger, l’essentiel est qu’il en reste quelque chose. En tant qu’artiste, j’apporte une touche de poésie à la réalité. C’est un spectacle qui est très sensuel, et repoussant à la fois. On traverse beaucoup d’émotions.

Tu donneras également « Peau d’âne » d’après le conte de Charles Perrault…
Je ne peux me cantonner à un seul genre, tout m’intéresse. J’aime permettre à un jeune public de découvrir ou redécouvrir des contes qui sont incroyables et merveilleux. Celui-ci est peu connu des jeunes générations. Il est peu joué pour la raison que l’on parle d’inceste. Notre interprétation est en filigrane, parfaitement humoristique, avec une insertion de plusieurs niveaux de lecture pour un joyeux divertissement familial.

Cavalier Blanc

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