Twin Apple – La bande-son d’un film imaginaire.
En concert le 18 juillet à La Tour Royale
Comment s’est faite la connexion entre Twin Apple et le festival Cinéma en Liberté ?
Stéphan : C’est une histoire de rencontres artistiques. À côté de la musique, je suis aussi artiste peintre, et j’ai exposé avec Lisa, qui organise le festival. On est devenus amis. Elle a ensuite été prof aux Beaux-Arts, où elle a donné des cours à la fille de Gaby. C’est tout un petit monde artistique toulonnais qui se recroise souvent.
On avait déjà joué une première fois pour une projection au Café Pop, avec un film lauréat du festival. Quand notre nouvel album est sorti, on lui a fait écouter et elle a adoré. Elle nous a proposé de rejouer, cette fois dans le cadre du festival. C’était l’occasion parfaite.
Ce nouvel album est conçu comme la bande originale d’un film imaginaire. Pourquoi ce choix ?
Gaby : J’ai toujours adoré les musiques de film. C’est un genre à part, très inspirant. Cette fois, j’ai voulu composer en partant de cette idée : une BO sans film. Habituellement, quand je compose, le chant est la colonne vertébrale des morceaux. Là, il a fallu trouver d’autres manières de capter l’attention, inventer des thèmes forts, des enchaînements cohérents. Sur scène, on jouera l’album dans l’ordre, sans tricher. C’est une vraie contrainte mais aussi un terrain de jeu passionnant.
Stéphan : Il y a une vraie gymnastique. Je peux jouer jusqu’à cinq instruments sur un même morceau. Il faut gérer les transitions, les changements d’instruments, les silences. On a beaucoup répété pour que tout soit fluide. C’est très physique et très stimulant.
Si ce film existait, quel en serait le pitch ?
Gaby : L’album s’appelle « Hawaii ». On avait l’idée de tourner un film là-bas, un ami y vit, mais le Covid et le manque de budget nous ont coupé l’herbe sous le pied. Du coup, on a imaginé une série de clips, un par morceau. Il y en a trois pour l’instant. L’univers est assez étrange, entre western halluciné et rêverie lynchienne. Il y a un cowboy, incarné par Stéphan dans le premier clip, des visions de mort, des personnages bizarres. On a plein d’amis avec des sacrées tronches, on les a mis dans les clips. C’est une sorte de film morcelé, onirique.
Comment décririez-vous l’univers musical de Twin Apple ?
Gaby : Il change tout le temps. On ne veut jamais refaire deux fois la même chose. Le premier album était très rock indé, le deuxième plus 60s, le troisième un peu tropical, celui-ci est instrumental. On aime se mettre en danger, tester des choses.
Stéphan : On a déjà enregistré un cinquième album. Ce sera un retour au chant, avec des morceaux plus anciens, plus proches de notre deuxième disque. On essaie toujours de surprendre, même en live.
À quoi peut s’attendre le public lors d’un concert de Twin Apple ?
Gaby : À un vrai voyage. En concert classique, on joue longtemps, parfois deux heures et demie. À chaque fois, les gens nous disent qu’ils ont « plané ». Il y a des morceaux très mélodiques, d’autres plus expérimentaux. C’est une expérience. Pour ce concert en particulier, on plonge dans un univers visuel, narratif, un peu comme un film qu’on écouterait. Le public est immergé. Ce n’est pas un concert où on saute partout : il vaut mieux être assis, se laisser porter. On l’a déjà joué à l’Espace des Arts au Pradet et au Théâtre Denis à Hyères.
Comment se passe la composition des morceaux ?
Gaby : Je compose au clavier, à la guitare, ou sur un rythme… Quand je sens que le morceau tient debout, je l’amène en répétition. Ensuite, chacun ajoute sa patte, ça évolue beaucoup. Ce n’est pas toujours moi qui décide au final. Le morceau peut se transformer en cours de route.
Vous êtes aussi impliqués dans le festival, non ?
Stéphan : Oui, cette année j’ai aidé Lisa pour la sélection des courts-métrages. J’en ai vu une soixantaine. C’était passionnant, très formateur.
Gaby : Le format court, c’est très exigeant. En vingt minutes maximum, il faut raconter quelque chose, faire passer une émotion. C’est un format que j’adore. Et puis faire ça à la Tour Royale, c’est parfait. C’est un lieu magnifique. On y avait déjà joué avec Dan Druff. On est ravis d’y revenir.
Fabrice Lo Piccolo