Valmigot – Faire le tour de son monde.

Galerie Ravaisou – Bandol
Jusqu’au 15 décembre

Membre du CNFAP et de l’AIAP, cofondatrice de la Journée mondiale de l’art en Polynésie, Valmigot est fascinée par “l’autre” et privilégie les projets collectifs. À la Galerie Ravaisou, elle nous dévoile son univers personnel.

En tant que peintre, comment définir votre style ?
Je ne pourrais me comparer aux artistes qui m’inspirent, mais j’ai une fascination pour Klimt, Ingres, Manet, dans leur approche du nu féminin. Gerhard Richter m’impressionne par l’excellence hyperréaliste de son touché « photographique » . Le figuratif, c’est pour moi le besoin de définir des contours. Dans ma pratique, on retrouve l’écriture, car à partir du moment où on dessine, on commence un symbole que l’autre va reconnaître. La peinture est une poursuite de cette conversation. Je vais plus loin en étant “multi-supports”. Dans l’exposition, il y aura aussi des volumes. D’une certaine façon, les objets me parlent et je raconte l’histoire qu’ils me délivrent.

Vos oeuvres sont narratives, de quels sujets que traitez-vous ?
De sujets sociétaux. Je ne fonctionne jamais en série sur un temps court, j’ai plutôt une approche en arborescence et les propositions se complètent d’années en années. Par exemple, l’affiche de ma nouvelle exposition évoque l’oeuvre que j’ai faite sur “Le meilleur des mondes” au sujet de la peur de l’implication génétique. C’est un poupon recouvert de journaux qui représente l’information dont on est assailli par la presse. Elle est anxiogène, nous stresse, mais nous informe et inscrit l’histoire dans sa temporalité. Le rapport au temps est très présent dans mon travail, il y a souvent des vanités dans mes oeuvres pour évoquer la volatilité de l’existence.

Vous avez vécu dans le Pacifique, est-ce que la culture de cette région du monde vous influence ?
J’y ai vécu dix ans, mais enfant, j’ai vécu en Afrique. Je me sens terrienne avant tout. On se nourrit des endroits où on va, ils nous font grandir. Sans forcément aller au bout du monde, j’aime interroger le mouvement. J’ai fait quatre toiles après avoir passé trois semaines dans le métro non-stop avec mon appareil photo. On traverse des lieux qui nous ont déjà traversé. Je voulais raconter des histoires d’inconscient collectif autour d’eux.

Comment s’est créée l’occasion d’exposer à la Galerie Ravaisou ?
C’est une jolie histoire ! Quand je suis rentrée de Nouvelle Calédonie, j’ai eu la chance d’être sélectionnée en tant qu’artiste pour l’exposition Base’Art, puis il y a deux ans, on m’a proposé d’en être la commissaire. J’ai travaillé toute une année sur la sélection et je trouvais dommage que cette recherche ne se poursuive pas. J’ai voulu la proposer à la mairie de Bandol dont j’apprécie la dynamique de programmation. J’habite à côté et c’est un lieu ressource pour moi, je me suis toujours sentie en phase avec ce qu’ils proposaient aux publics. Ils ont ensuite voulu m’inviter à y exposer également.

Que pourrons-nous y voir ?
C’est une rétrospective sur une quête de soi à travers le monde. Le titre, “La quadrature du vent”, invite les spectateurs faire le tour de l’exposition comme j’ai pu le faire le tour de la Terre. Je l’ai imaginée en pensant à la dynamique du vivant, de l’air et des océans présente dans mon travail. J’aime confronter les matériaux, les éléments. J’y présente notamment l’oeuvre “O VAI OE ?” qui veut dire en Polynésie “qui es-tu?” ou plutôt, “de quelle eau viens-tu?”. Elle symbolise le cycle de la vie et est composée en tapa : du textile non tissé sacralisé à la base de la civilisation, qui sert à se vêtir, à accueillir la naissance des enfants ainsi qu’aux funérailles.

Maureen Gontier

Novembre 2021

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