Vanessa Wagner – Un voyage initiatique dans la musique contemporaine.

« Ennéade » le 10 février à l’Opéra de Toulon.

Le 10 février, l’Opéra de Toulon propose un concert aux accents d’initiation à la musique contemporaine, expérimentale et électroacoustique, porté par une pianiste hors norme : Vanessa Wagner, qui combine une carrière « classique » avec un parcours plus expérimental.

Comment choisissez-vous les œuvres pour vos concerts ?
C’est très variable, j’ai un répertoire plutôt riche, car j’ai une carrière de pianiste classique avec ce que l’on peut appeler « le grand répertoire » mais, depuis quelques années, j’ai fait aussi beaucoup de créations contemporaines et je m’intéresse de près au répertoire minimaliste, que je défends. Comme je suis une des seules pianistes en France à le faire, on me demande souvent ce répertoire-là, ou des projets originaux. J’ai pris des chemins de traverse donc les programmateurs qui m’invitent attendent de moi soit des thèmes qui sortent de l’ordinaire, soit des concerts où se mélangent les époques, les styles, ainsi que des collaborations avec des musiciens électroniques, comme celle avec Labelle pour Ennéade, qui est au programme du concert de Toulon.

Cette œuvre, Ennéade, a été composée pour et avec vous par Labelle, un jeune compositeur, il s’y mêlent piano, sons électroniques et percussions réunionnaises, pouvez-vous nous en dire plus ?
J’ai créé cette œuvre il y a six mois environ, à l’Ile de la Réunion. C’est important, car l’oeuvre est très inspirée par cette île d’où est originaire le compositeur Labelle. Le thème de la nature est très présent dans la composition, ainsi que le celui du rapport un peu mystique de l’humain face aux éléments, et l’île de la Réunion est très puissante de ce côté-là, car assez tellurique. C’est une sorte de voyage initiatique dans lequel le piano raconte l’histoire d’une excursion nocturne en pleine nature, qui finit par le lever du soleil, tout cela est métaphorique bien sûr. C’est une oeuvre très inspirée et inspirante. Il y a des sons électroniques, mais qui proviennent surtout de la nature et des percussions Maloya, le Maloya étant une musique traditionnelle de la Réunion.

Faire connaître de jeunes compositeurs et rendre leur musique plus accessible semble important pour vous ?
M’inscrire dans la création, la musique de mon temps, la modernité, ça va avec mon ADN de musicienne ! Je me suis toujours dit que la vie d’un musicien était évidemment de côtoyer des chefs-d’œuvres éternels, écrits il y a plusieurs siècles et que l’on pourra toujours jouer, mais ils ont été écrits par les compositeurs de ces époques et si on ne compose plus aujourd’hui, c’est un problème. Ce qu’on a appelé la musique contemporaine a connu une sorte de radicalisme et une frange de cette musique s’est un peu coupé de l’émotivité et surtout du rapport au public, mais la musique contemporaine actuelle, savante, classique, ce n’est pas que ça. Si l’on prend Philip Glass, par exemple, qui est un compositeur vivant, il écrit une musique très accessible et raffinée.

Philip Glass semble avoir une place particulière dans votre carrière ?
Il n’y a pas que lui, il y a aussi John Adams et d’autres compositeurs anglo-saxons ou européens. C’est un répertoire que je prends beaucoup de plaisir à interpréter et à découvrir aussi, car ce sont des œuvres encore peu jouées, peu connues et dans lesquelles j’ai trouvé un terrain d’expression extrêmement riche. Ce répertoire résonne très bien avec le répertoire « savant », les deux se complètent parfaitement. Je ne veux pas m’enfermer dans un chemin tracé et je continue à inventer ma carrière telle que je la conçois.

Weena Truscelli

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Agenda Cité des Arts : ENNÉADE – Schoenberg et Labelle – Opéra de Toulon