Vehanush Topchyan – Vers la contemplation

PHOTO ET VIDEO

Travaillant à partir de vidéos et de photographies qu’elle produit ou qu’elle chine, Vehanush Topchyan s’intéresse à la notion d’image. 

Tu travailles essentiellement à partir des médiums de la photographie et de la vidéo, peux-tu me parler de ton rapport à l’image ?

Avec les images j’essaie d’interroger et de découvrir la réalité. J’ai commencé mon travail sur l’image en m’intéressant à ces sortes de manifestations invisibles que sont les tâches, les auréoles, les poussières qui apparaissent parfois sur les photographies argentiques. Dans l’histoire de la photographie, ces manifestations étaient vues comme des erreurs à corriger qui dérangeaient la lecture des images. Mais moi, c’étaient surtout ces erreurs qui m’intéressaient, je les voyais comme une sorte de mémoire des photographies. C’est quelque chose qui souvent me semblait plus réel que les images en elle-même car il y avait un aspect physique qui s’ajoutait. Après j’ai poussé cette réflexion plus loin en m’intéressant à ces traces qui sont devenues le sujet principal de mon travail. Je voulais rendre son importance à ce qui semble des détails anecdotiques, comme si je changeais la mise au point pour donner à voir ce qui passe inaperçu d’habitude. 

Comment tes origines arméniennes influencent-elles ton travail ?

Ce sont surtout des questionnements par rapport à l’héritage historique et artistique. Souvent tu commences à réfléchir à ça quand tu prends de la distance avec ton pays natal. Quand j’étais en Arménie, je ne me posais pas vraiment ces questions : d’où je viens ? Comment cet héritage m’influence ? Mais depuis que je suis arrivé en France, surtout pendant mes études aux Beaux-Arts, j’ai été bouleversée par cette division, ces différences entre les deux pays, les traditions, les temporalités. C’est à ce moment-là que je me suis intéressée à cet héritage que j’ai ramené avec moi en France et qui influence mon travail inconsciemment. Quand je rentrais en Arménie et que je montrais mes travaux à mes amis, ils me disaient qu’ils ressemblaient à ceux d’autres artistes arméniens que je ne connaissais même pas. Tu te rends compte que tes créations peuvent ressembler à celles d’un autre artiste, parce que vous avez vécu dans le même pays, que vous avez le même passé, que vous avez vu les mêmes paysages.

Depuis que tu travailles dans le sud de la France y a-t-il des choses qui ont marqué ton regard de plasticienne ?

C’est peut-être banal mais je dirai la mer. Avant d’arriver dans le Sud, je n’avais jamais vu la mer.  Quand tu la vois pour la première fois, ça t’inspire énormément. C’est assez fascinant comme expérience. Je pense que ça m’a beaucoup influencée dans mes travaux sur la répétition ou sur le mouvement.

Qu’est-ce-que tes études à l’ESADTPM ont apporté à ta pratique ?

Pour moi c’est surtout par rapport à la réflexion que ça m’a aidée. Le fait d’avoir une équipe d’enseignants qui t’apprend à te poser les bonnes questions et à trouver tes propres réponses… L’autre chose que je retiens de l’ESADTPM est cette ambiance assez familiale et l’accessibilité des professeurs qui sont toujours là pour t’aider et te faire avancer.

Valentin Calais

BIOGRAPHIE

Vehanush Topchyan, née en 1989 à Gyumri, Arménie, vit en France depuis 2013. Diplômée à l’ESADTPM en 2020, elle vit et travaille à Grenoble.