Victor Lassus – Un duo burlesque pour explorer la vieillesse.
>> Vieux à l’Espace des Arts au Pradet le 16 février
Matisse Truc et Killian Chapput sont deux jeunes comédiens à succès de notre territoire, faisant partie du Collectif l’étreinte. Avec leurd duo burlesque, ils explorent dans cette pièce le sujet de la vieillesse. Victor Lassus, le metteur en scène, nous détaille le spectacle.
Qu’est-ce qui a donné envie à Matisse et Killian de s’intéresser aux personnes âgées, et qu’est-ce que cette pièce nous dit de leur place dans la société ?
Cette pièce est née d’une commande d’une association sur le thème de la vieillesse, pour créer une petite forme. Matisse et Killian, qui forment un duo burlesque depuis plusieurs années, ont commencé à travailler sur leur rapport d’amitié et de complicité. En tant que jeunes comédiens, ils se sont projetés sur les genres de vieux qu’ils se voyaient être ou ne voulaient pas être. En travaillant avec leur clown, ils ont exploré ce qui pourrait leur faire peur dans leur vieillesse. La pièce reflète également le regard des jeunes parlant de leurs grands-parents et aborde leurs choix actuels en matière d’amitié, de famille, d’engagement sur le long terme. Au départ le Collectif l’Etreinte devait jouer « Frères », pièce écrite pour Etienne Delphine Michel, mais le décès soudain de celui-ci nous a fait proposer ce spectacle, qui lui fait écho, avec des thèmes abordés comme l’urgence de la vie, l’honnêteté des rapports humains, ou ce que l’on a envie de dire à l’autre avant que l’on n’ait plus le temps de le faire.
Peux-tu nous décrire le jeu de Killian et Matisse ?
Ce sont deux jeunes comédiens talentueux, issus du Conservatoire de Toulon. Matisse a ensuite suivi une formation complémentaire au théâtre contemporain à Aix, tandis que Killian a continué à apprendre sur le terrain. Killian est un comédien très physique, instinctif et viscéral qui travaille également la danse contemporaine. Matisse, quant à lui est un comédien très sensible, avec une belle justesse de jeu et qui a travaillé le chant. Leur duo burlesque, développé au cours des dernières années, repose sur des personnages très marqués avec de vastes univers, et leur amitié y transparaît. J’ai rencontré ce duo il y a sept ans et nous avons travaillé à structurer leur jeu en tendant vers une sensibilité burlesque reposant sur des textes forts. Ce sont des kamikazes du théâtre, ne craignant pas de se mettre en danger, et ils font un véritable travail de recherche en explorant des endroits surprenants autant pour eux que pour le public.
Comment as-tu pensé la mise en scène de cette pièce ?
La mise en scène, en tant que telle, était déjà en place grâce à ce duo. J’ai apporté la technicité du clown et du burlesque, la direction d’acteur, et la construction d’une architecture précise autour de leur travail. La pièce explore trois univers distincts : le récit de deux amis et de leur longue amitié, à un moment où c’est compliqué dans leur corps ; un univers drôle, décalé, où ils peuvent parfois être une caricature des vieux que l’on connait, et cela fait du bien de rire tous ensemble ; et un univers très chorégraphié, où l’on plonge dans leurs pensées et leurs doutes.
Parle-nous de votre collaboration avec l’Espace des Arts et des quatre semaines de résidence que vous y effectuez.
Cette collaboration est précieuse. Nous avons un partenariat depuis des années, Sarah Lamour y donne les ateliers de l’Etreinte et l’Espace des Arts nous soutient pour le festival Equinoxe une année et pour une nouvelle création l’année suivante. Ils mettent à notre disposition le plateau, la technique, et le côté humain et nous discutons souvent avec les équipes de programmation sur le plan artistique. Ils nous offrent un lieu où créer à partir de zéro, ce qui est rare aujourd’hui.
Fabrice Lo Piccolo