Vincent Berenger – Les coulisses du théâtre, un lieu hors-du-temps.

VIVANTS – Jusqu’au 29 avril à la Maison de la Photographie à Toulon.

Vincent Berenger a de multiples cordes à son arc : photographe, vidéaste, musicien.. Il dirige également la 7e scène de Châteauvallon-Liberté, une scène virtuelle qui documente les spectacles, en photos et vidéos. En parallèle, il a réalisé des photos des coulisses du théâtre, qu’il expose en ce moment à la Maison de la Photographie.

Tu es directeur de la 7e scène à Châteauvallon-Liberté scène nationale, quel est son rôle ?
Nous avons six scènes physiques, et une septième, virtuelle, le pôle image, entre création, communication et médiation. Nous sommes une équipe de trois et documentons la vie du théâtre en vidéos et photos. Depuis huit ans, je mène aussi un travail un peu plus personnel, dans lequel je prends des photos sur les coulisses de ce théâtre. En ce moment, nous proposons un Thema intitulé « Theâtre : mode d’emploi » et dans ce cadre j’expose ces photos à la Maison de la Photo de Toulon.

Comment est né ton intérêt pour la photographie ?
Mon père est photographe amateur et je me rappelle qu’il développait dans notre salle de bains ses photos argentiques que je voyais apparaitre sur le papier quand passaient les négatifs dans les bacs. J’ai eu, enfant, un petit argentique. Puis j’en ai fait en partie mon métier car je suis aussi vidéaste. C‘est un travail très différent, je n’aborde pas ce métier de la même manière mais ils sont complémentaires.

Qu’est-ce que tu as souhaité représenter dans les photos exposées et comment s’est fait ton choix ?
Cette exposition s’appelle « VIVANTS » car elle parle de spectacle vivant mais est aussi un témoignage sur tout ce qui se passe avant d’arriver sur scène et après. Je fais aussi de la photographie de spectacles mais cela montre l’intention du metteur en scène, ce sont des photos de communication. En photographiant les coulisses, on arrive à raconter d’autres histoires. Je l’ai appelée comme cela car pour les avoir observés pendant ces années, c’est un endroit sans temporalité où les acteurs se sentent particulièrement vivants. J’ai pris des centaines de photos, ce n’était pas évident d’en sélectionner soixante-dix-sept, le but étant qu’elles se répondent entre elles. Il fallait également penser l’exposition de manière globale et montrer différents instants : la création et l’écriture au plateau, les répétitions, la préparation avec le maquillage, les embrassades, les applaudissements… Tous ces moments que les gens ne voient pas forcément et qui font partie du spectacle vivant. Je voulais aussi qu’elles aient toutes une humanité, une intensité dans les personnages. Parfois certaines photos ne répondent pas aux codes techniques mais j’ai privilégié la force de l’image et ce que l’on ressent. C’est pour ça aussi que j’ai choisi le noir et blanc. Cela rajoute de l’intensité, permet d’aller droit au but, en focalisant l’attention sur les personnages et les expressions plutôt que sur les couleurs même si j’adore aussi la photo couleur.

Quels moments particuliers retiens-tu ?
Il y en a tellement. Je pourrais te citer Jean-Louis Trintignant et Charles Berling qui répètent ensemble au Liberté, une dernière fois car Jean-Louis est mort quelques temps après. Il y a une forte intensité dans cette photo, avec un respect mutuel chez ces personnes qui étaient aussi amis. Également la photo autour du spectacle « Le Consentement » avec Ludivine Sagnier et les dernières embrassades, avec une équipe très sympa. Ou Daniel Herrero qui a fait exceptionnellement un spectacle et était stressé toute la journée et s’est relâché après. Aussi, à Châteauvallon, Rone, le DJ qui tombe dans les bras de son équipe quelques minutes avant de monter sur scène. C’est un lieu avec une histoire incroyable, quand tu penses que Mc Cartney y a joué… Les pierres sont chargées d’histoire et j’aime retranscrire cela en photos. Également le même soir, la photo du Ballet National de Marseille qui a dansé sur le spectacle, et où le public fait une standing ovation et jette les coussins sur la scène. Ou encore la photo de Preljocaj et Decouflé, deux monstres sacrés de la danse, avec un vrai respect mutuel.

Fabrice Lo Piccolo

En savoir plus : Maison de La Photographie

Agenda de Cité des Arts : Vivants – Vincent Berenger