Zachary Vincent – Imprimer et construire

SERIGRAPHIE

Pendant son cursus, Zachary a développé une passion pour les bâtiments, et pour la sérigraphie. Diplômé de l’ESADTPM en 2021, il crée actuellement son propre atelier.

Qu’est-ce qui t’intéresse dans l’urbain et la construction ?

L’urbain et surtout la ville surtout, sont pour moi un terrain d’exploration. J’ai toujours vécu en ville, j’y ai passé mes journées et mes soirées. Je suis aussi sensible à l’urbain, à la ville et à la construction du fait de mon parcours : j’ai fait deux ans d’architecture, ça a stimulé mon intérêt pour les bâtiments, principalement les bâtiments abandonnés.

Ton exposition « Perruques chantier » lie les arts-plastiques et le monde ouvrier, est-ce que tu peux m’en dire plus sur cette relation ? 

Par mon père, j’ai grandi sur des chantiers, il a fait pas mal de rénovations quand j’étais plus jeune. J’ai aussi beaucoup d’amis qui travaillent dans le bâtiment. 

De ce fait, ça m’a toujours intéressé. J’ai toujours été confronté à ces matières, à ces matériaux qui viennent de ce domaine d’activité. Cette exposition est un moyen de lier ma pratique artistique avec ce que je fais en ce moment, à savoir la rénovation d’un local. C’est l’occasion de travailler avec ces matériaux issus de mes travaux dans l’atelier pour créer des pièces et en faire mon expression plastique.

Pourquoi t’exprimer via la sérigraphie en particulier ?

La sérigraphie me permet de produire des multiples, de rendre accessibles les œuvres d’art au grand public plutôt que d’avoir affaire à une œuvre unique. C’est ce qui a toujours été fait avec les autres médiums de production en série d’images ou d’œuvres d’artistes comme la lithographie ou la gravure. Ça me donne la possibilité de toucher un autre public que celui des musées et des galeries. Je m’exprime aussi via cette pratique parce que cela me permet d’imprimer sur toute surface quelle qu’en soit la matière, du moment qu’elle est plane et lisse.

Tu as fait tes cinq ans à l’ESADTPM, as-tu une anecdote à nous faire partager ? Comment as-tu vécu tes années là-bas ?

C’est un cadre que j’ai trouvé très accueillant dès mon arrivée. En plus comme à l’époque nous n’étions pas très nombreux, nous nous connaissions tous. Ça faisait un peu comme une communauté ou même une famille. Je me souviens qu’avec Florent Lebrun, nous avons créé une association étudiante où l’on faisait des sandwichs le mercredi : ça permettait de fédérer les professeurs et les étudiants.

Qu’est-ce que tu attends de ton futur atelier ? Comment l’envisages-tu ?

À partir de ma licence, je gérais, je faisais office d’assistant pour l’atelier de sérigraphie de l’école. C’est toujours cette pratique qui a défini mon parcours aux Beaux-Arts. 

Pendant ma dernière année de master, j’ai eu l’occasion de faire un stage à l’atelier Tchikebe à Marseille, ça m’a donné envie de me spécialiser et d’ouvrir mon propre atelier. Ça me permettrait d’imprimer librement sur textile pour m’assurer une rentrée d’argent, et surtout de continuer à faire des tirages artistiques en collaborant avec d’autres plasticiens que je connais ou qui voudraient travailler avec moi pour faire des tirages de leurs œuvres. L’intérêt est surtout là : me placer aussi en tant qu’artisan sérigraphe, que les gens viennent me voir pour tirer ce qu’ils veulent en sérigraphie.

Tu exploites des matériaux que tu manipules dans ton quotidien : comment c’est de créer dans cette période mouvementée ?

C’est un peu plus compliqué, d’où l’intérêt d’avoir son propre local. Ma pratique nécessite un atelier, un espace dédié, c’est donc plus difficile de travailler chez soi. Ça m’a aussi relancé sur d’autres pratiques, notamment la peinture et du dessin que j’utilisais plus pendant mes premières années d’études, des choses plus simples ou qui nécessitent moins de matériaux comme la photographie.

Valentin Calais

BIOGRAPHIE

Jeune artiste diplomé de l’ESADTPM en 2021, Zachary vit et travaille à Grenoble actuellement. En relation étroite avec la culture populaire et les formes d’expression dans l’espace public où se combinent images et textes pour véhiculer un message, il développe une activité de sérigraphie textile et papier principalement, sur laquelle se greffent ses préoccupations sur la notion de tiers-lieux et le fait de réinvestir des lieux laissés a l’abandon.