Zoé Felix – L’émotion pour boussole
Actrice, autrice et future réalisatrice ; cinéma, théâtre et séries : celle qui a donné la réplique à Dany Boon et Kad Merad dans « Bienvenue chez les Ch’tis » ne s’interdit rien tout en sachant se faire rare. Zoé Félix est la présidente du jury de l’édition 2024 du festival Cinéma en Liberté.
Le grand public vous associe généralement aux longs-métrages. Quels sont vos liens avec le court-métrage ?
C’est vrai que je n’ai pas débuté avec un court-métrage, comme souvent c’est le cas. Mais, au cours de ma carrière, je n’ai jamais cessé de jouer dans des courts-métrages, et encore très récemment. Le court-métrage, c’est un vivier de jeunes qui se rencontrent et évoluent ensemble. Désormais, je n’hésite pas à mettre ma « notoriété » (entre guillemets bien sûr, et toute proportion gardée !) au service de réalisateurs qui débutent. Ça peut permettre de leur donner une visibilité plus grande. Il y a là une espèce de relais qui se fait, à l’image de ce que j’aime dans ce métier, c’est-à-dire l’artisanat, le travail d’équipe, le partage. Et puis j’adore aussi voir des courts-métrages. Je trouve d’ailleurs qu’on ne les exploite pas forcément bien. Avant, dans les cinémas, on en projetait au début de chaque séance de long-métrage. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Heureusement, il y a les festivals.
Vous êtes présidente du jury, comment voyez-vous votre rôle ?
C’est Sam Bobino, le parrain de Cinéma en Liberté, qui m’a proposé de venir, et c’est ce que je vais faire avec plaisir. Il s’agit d’un festival international, et prendre la température, voir ce qui se passe ici et ailleurs dans d’autres pays, sentir quelle est l’ambiance, quels sont les sujets de prédilection, tout ça m’intéresse. Le cinéma est souvent le reflet de notre vie – culturelle, politique, sociétale. Pour ce qui est de mon rôle de présidente, je vais être sérieuse, attentive. Et je me laisserai aussi guider par les émotions. Comme quand on est spectateur au cinéma. Avec les jurés, on portera sûrement des regards différents sur les films, ça nous donnera l’occasion de débattre et d’échanger, d’échanger principalement, je pense, sur nos ressentis. C’est ainsi que j’appréhende mon rôle, d’une manière simple, ludique et émotionnelle.
Qu’est-ce qui vous touche dans l’art du court-métrage ?
C’est l’idée de se jeter à l’eau. C’est un exercice très difficile d’avoir des limites, à la fois dans le tournage, parce qu’il est restreint dans le temps, et dans les moyens, car souvent c’est le système D pour tenir dans le budget. On doit trouver des idées originales, ce qui donne une inventivité tout à fait particulière. Comme souvent il n’y a pas d’argent, on peut se laisser aller davantage et faire des choses un peu plus osées. Je trouve que ces contraintes permettent une plus grande liberté. Elles créent une espèce d’émulation. On peut se projeter, se permettre d’aborder les nouvelles tendances, les sujets de demain, de raconter des histoires différemment. Ce que je trouve aussi passionnant, c’est l’entraide. Il y a une réelle interdépendance, du plus petit au plus grand, chacun est important. S’il manque une personne de l’équipe, l’équilibre est menacé.
Avez-vous un projet lié à un court-métrage ?
J’ai écrit le scénario d’un long-métrage que je souhaite réaliser en 2025. Le projet est actuellement en financement. Pour pouvoir donner une idée de l’atmosphère, un peu comme un teaser, j’ai réalisé un court-métrage qui s’appuie sur des séquences choisies de mon long-métrage. Il s’intitule « Un couple », ce qui sera d’ailleurs aussi le titre du futur film. J’ai adoré toucher à ça, me plonger dans cette réalisation-là.
Dominique Ivaldi