Musique
Célestes Harmonies – Élisabeth Ire et Philippe II, une mésentente cordiale.
Le 11 août, Tour Royale à Toulon
Le 12 août, Chapelle des Oblats à Aix-en-Provence
Le 13 août, Collégiale Saint-Martin à Lorgues
En 2023, pour la douxième édition de leur cycle de concerts « Entre pierres et mer », Les Voix Animées confrontent de manière pacifique les musiques anglaise et espagnole de la fin de la Renaissance tout en rendant un hommage particulier à William Byrd et Thomas Weelkes, compositeurs disparus il y a quatre-cents ans. Un triptyque dans lequel Les Voix Animées se présentent à vous dans des effectifs de six à huit chanteurs afin de vous faire découvrir toutes les richesses de leur vaste répertoire.
Elisabeth Ire d’Angleterre et Philippe II d’Espagne, une mésentente cordiale.
Opposés par une vision du monde et une pratique de la foi irréconciliable, les souverains anglais et espagnol se déchirent sur terre et sur mer. Cependant, loin du fracas des armes, dans une quête de sérénité, les compositeurs apportent un réconfort spirituel et un divertissement joyeux aux esprits inquiets. Célestes Harmonies, un havre de paix dans un monde tourmenté.
De Séville à Londres, Les Voix Animées vous emmènent, en un voyage musical, sacré et profane à la découverte de deux cultures que tout oppose en une fin de Renaissance qui prélude à l’art Baroque. Depuis le règne de Henri VIII Tudor, l’Église d’Angleterre est anglicane et le souverain en est le gouverneur suprême. Si la liturgie reste relativement proche de celle pratiquée par l’Église romaine, la langue vulgaire fait son apparition dans les célébrations et les cantiques tout en se mêlant au latin. De nouvelles formes apparaissent dont celle de l’ »Anthem », équivalent en langue vernaculaire du motet catholique.
Vous entendrez dans ce programme deux magnifiques exemples de cette forme nouvelle, deux lamentations sur la perte du fils bien-aimé, « Then David mourned » de Thomas Tomkins et « Weepe forthe yours teares » de John Ward qui accompagnent toutes deux les larmes que le Roi Jacques Ier verse sur la mort en novembre 1612 de son fils le Prince Henry, héritier des Stuart. C’est le compositeur espagnol Juan Gutiérrez de Padilla qui se joint à ces lamentations par les mots intenses de l’office des morts « Versa est in luctum », s’accordant aux chants de deuil… « …car mes jours ne sont rien ». La partie sacrée de « Célestes Harmonies », au-delà du sentiment de profonde constriction dégagé par cette succession de longues plaintes est un florilège de motets et d’anthems dans lequel les compositeurs anglais et espagnols rivalisent de trouvailles expressives pour toucher l’âme de l’auditeur, alternant sentiments de joie et état d’introspection. C’est dans un tout autre caractère que vous entraîne le répertoire profane composé de madrigaux. Cette forme est née, dans l’Italie de la Renaissance, de la rencontre entre la musique et la poésie, d’une quête de relation parfaite entre le mot et le son. Ici, tout est idéalisé, la nature généreuse, la beauté des êtres, jusqu’aux tourments de l’amour… Bienvenue en Arcadie où vivent en harmonie bergers et bergères, nymphes, faunes et satyres sous l’œil bienveillant de Vénus. L’Angleterre d’Elisabeth Ire Tudor puis de Jacques Ier Stuart se passionne pour cet univers champêtre librement inspiré des « Bucoliques » de Virgile. L’Espagne de Philippe II et Philippe III d’Espagne reste cependant moins sensible à l’engouement partagé par l’Italie et l’Angleterre pour les vers du « Cygne de Mantoue ». Le répertoire hispanique profane est quant à lui, à l’image de la rigueur de ce pays très catholique en proie aux codes de la Contre-Réforme, fait de subtile retenue, on effleure plutôt qu’on affirme, toute joie contenue. Les Voix Animées vous accueillent en un moment musical et poétique fait de contrastes et de beautés harmoniques.
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