Charles Berling – La nécessité de l’Art.

>> Après la répétition / Persona au Liberté à Toulon, du 28 septembre au 1er octobre

Le metteur en scène néerlandais Ivo Van Hove confronte deux pièces d’Ingmar Bergman autour de l’art du théâtre, « Après la répétition » et « Persona », jouées l’une après l’autre. Dans la version française de ce spectacle, il a fait appel à Charles Berling pour incarner un metteur en scène dévouant sa vie à son art.

Qu’est-ce qui a motivé le choix d’Ivo Van Hove de monter ces deux pièces, et comment percevez-vous le travail d’Ingmar Bergman ?
Ingmar Bergman, tant dans le cinéma que dans le théâtre, demeure un immense metteur en scène. Mon imaginaire est profondément façonné par son œuvre. J’ai vu ses films et j’ai même eu la chance de me rendre dans son théâtre en Suède. J’avais déjà travaillé avec Ivo Van Hove pour « Vu du Pont » d’Arthur Miller, et j’avais vu la version de ce spectacle qu’il avait montée, en néerlandais, il y a environ dix ans. Lorsqu’Eric Bart m’a proposé de travailler sur la version française, j’ai été très enthousiaste. C’est aussi une manière pour moi de retrouver Ivo après plusieurs années. Nous avons eu la chance de présenter ce spectacle au Printemps des Comédiens à Montpellier, avec beaucoup de succès, puis nous le jouerons à Toulon, au Théâtre de la Ville à Paris et en tournée à travers l’Europe. C’est une œuvre puissante qui traite de l’art, et des sinuosités, des joies et des difficultés des rapports humains, comme toute l’œuvre de Bergman.

Dans « Après la répétition », vous incarnez un metteur en scène qui ne vit que pour et par le théâtre. En quoi ce rôle vous a-t-il touché ?
Il explore la nécessité de l’art dans la vie et de la vie dans l’art. Il est naturel que les artistes aspirent à aller toujours plus loin, à se connecter plus profondément avec eux-mêmes, avec les autres et avec la nature de l’art. Le metteur en scène que j’incarne souhaite repousser les limites. Le spectacle parle également du vieillissement, de la mort, de « La vie des morts » pour paraphraser Desplechin. Nous sommes façonnés par ces influences humaines, qu’elles soient sous forme de fantômes ou de personnes encore vivantes. L’œuvre capture également la magie du théâtre et évoque ses valeurs poétiques profondes. Dans un monde dominé par la rationalité, il est essentiel de se reconnecter à des valeurs fondamentales qui nous dépassent. C’est là que le théâtre trouve sa pertinence. Je suis profondément touché et ému par ce que cette pièce exprime. Dans un monde violent et cartésien, qui oublie souvent la fantaisie et même l’humour, le théâtre en rappelle l’importance. Lors de la générale à Montpellier, il y avait beaucoup de jeunes spectateurs qui riaient énormément, ça nous a troublés d’ailleurs.

Cette collaboration marque votre deuxième travail avec Ivo Van Hove. Pouvez-vous nous parler de sa direction artistique ?
Il donne peu d’instructions à ses acteurs, il nous laisse très libres, mais celles qu’il fournit sont incroyablement précieuses. Son engagement et sa précision dans son travail sont remarquables. Le casting est très bon, avec des artistes telles Emmanuelle Bercot et Justine Bachelet, très talentueuses. Nous avons travaillé avec une grande joie, et j’ai été ravi de retrouver Ivo. Jan Versweyveld, le scénographe, a également joué un rôle crucial dans la création du spectacle. Son décor assez monumental est magnifique et ajoute une dimension visuelle importante à l’expérience théâtrale, surtout dans la deuxième partie. J’aime beaucoup Emmanuelle Bercot, que je connaissais à travers ses films et son jeu très sensible, mais je n’avais jamais joué avec elle. Elle se donne totalement pour son rôle. Nous allons d’ailleurs présenter au même moment un de ses films et elle sera présente pour répondre aux questions du public.
C’est une coproduction Châteauvallon-Liberté. Comment se fait le choix de créer un spectacle et quelles sont les motivations derrière ces collaborations ?
Nous faisons de nombreuses coproductions. Nous avons remarqué que le spectacle serait adapté à la salle Albert Camus et c’était l’occasion de coproduire un projet avec un metteur en scène de renommée mondiale. Il est intéressant de pouvoir montrer à Toulon ce qui se passe sur la scène théâtrale mondiale. De plus, j’entretiens cette amitié et cette fidélité particulières envers Ivo, ce qui a renforcé l’intérêt de cette collaboration.
Fabrice Lo Piccolo

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