Compagnie AR – La contorsion au service de la poésie.

>> »Passages » le 26 avril à 18h

Rencontre avec Alice Rende de la compagnie AR, une artiste italo-brésilienne qui se joue de la gravité avec humour et adresse pour explorer les limites du corps et nous faire voyager dans une boite. Pour le festival, elle présentera son solo « Passages ».

Pour commencer, parle-nous du travail de ta compagnie.
La compagnie AR a été créée en 2022 pour porter mon solo qui tournait déjà, « Passages ». Je ne savais pas quel nom donner à ma structure, puis j’ai trouvé le mot « ar » qui est intéressant pour moi puisqu’il signifie « air » en portugais brésilien, tout en représentant mes initiales. De plus, quand les gens me voient faire de la contorsion, ils s’écrient « Arr ! » et je trouve le parallèle très drôle ! J’ai monté ma compagnie après mes études de cirque au Brésil et mon insertion professionnelle à Toulouse. Je suis très heureuse de l’avoir fait : ma compagnie rassemble mes projets qui sont différents mais qui ont tout de même une cohérence entre eux, un fil directeur autour de certaines thématiques – la contorsion pour échapper à quelque chose, ou la contorsion comme l’impact d’une émotion sur le corps, et surtout, la contorsion comme un geste, pas comme la démonstration d’une habilité. La contorsion est quelque chose de très personnel puisque les gestes varient en fonction de l’anatomie de chacun, il y a un vocabulaire différent pour chaque corps.

Comment as-tu connu Mozaïc ?
Grâce à Damien Droin, de la compagnie Hors Surface adhérente de Mozaïc. Il m’a fait rencontrer Shanga (le directeur) et j’ai trouvé cela génial.

Aujourd’hui, que t’apporte Mozaïc ?
Ça m’apprend énormément. C’est très ouvert, je peux poser mes questions à l’équipe, et j’ai l’impression de comprendre un fonctionnement qui était jusque-là très obscur pour moi ! À l’école de cirque, on n’apprend pas à gérer une structure. On reste très vulnérable lorsque l’on porte un projet artistique, particulièrement si on le porte seule. Et moi, j’aime bien comprendre comment ça marche, pour pouvoir prendre les décisions. Je trouve précieux le fait de pouvoir apprendre. Il y a un vrai dialogue, c’est clair. Je me sens vraiment accompagnée. Ce n’est pas quelqu’un qui prend les décisions pour moi. J’adore.

Que présenteras-tu lors du festival des 10 ans ?
Un solo de cirque, « Passages ». Pour ce spectacle, j’ai imaginé une structure en plexiglas, une boite qui représente une sorte de cage et qui me permet d’explorer plusieurs métaphores autour de l’exposition, du corps, du mouvement. « Passages » est ma première création réalisée avec cet agrès. Le spectacle a une lecture très ouverte, je voulais qu’il puisse résonner différemment en fonction du lieu de représentation. Comme la boite est transparente, la scénographie se construit grâce au contexte. L’histoire du spectacle se mélange avec le contexte. Dans une église, on m’a déjà dit « j’ai vu une histoire de vie, de mort, de réincarnation », dans une déchetterie cela devient une histoire d’exclusion sociale, dans un jardin on m’a dit que c’était l’histoire du réchauffement climatique parce qu’il faisait 40 degrés et que je transpirais dans la boite, pendant le Covid, cela racontait l’isolement social … Parfois on me partage des histoires incroyables. Finalement, c’est tout simple, c’est l’histoire de quelqu’un qui est prisonnier des parois d’une boite mais qui peut voir ailleurs et qui essaie d’aller vers le ciel. Chaque contexte fait ensuite que les gens projettent une lecture différente.

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