Etienne Michel – L’amour est la solution.

Underground, les 18, 19 et 20 avril à La Mine de Cap Garonne Les liaisons dangereuses, le 17 avril à l’Espace des Arts 

Etienne dirige la compagnie marseillaise Hesperos. Pour cette édition, ses comédiens proposeront trois spectacles dans la Mine de Cap Garonne, qui se termineront par un grand bal Drag Queen, ainsi qu’une adaptation contemporaine du chef d’œuvre de Laclos « Les liaisons dangereuses ».

Quels sont tes liens avec le festival ?
J’ai rencontré Sarah en 2016 et j’ai travaillé sur différents projets avec l’étreinte. Pour le spectacle dans la mine, j’ai voulu m’appuyer sur les personnes qui font Equinoxe, dont les Freaks (troupe amateure des élèves des Ateliers de l’étreinte ndlr) et les spectateurs. J’ai axé le travail sur la valeur de l’amour et ai voulu mettre en lumière l’acte que fait Sarah d’ouvrir sa programmation avec un esprit fraternel.

Dans la mine, la Cie Hesperos jouera trois formes courtes…
J’ai écrit un texte : « L’amour est la solution » qui court sur les trois formes et Nicolas, Cora et une partie de l’équipe l’ont monté et coupé, la mise en scène est collective. C’est l’histoire d’un mec (rires) qui parle de sa bande de potes et en vient à dire que sans amour on n’est pas grand-chose. Ce n’est pas facile de parler d’amour sans être cynique ou mièvre. Et nous finirons par un grand bal Drag Queen. On est sous terre, dans des galeries, au milieu d’automates qui représentent des mineurs, c’est très fort. Notre compagnie est attachée à la mise en valeur du patrimoine et au théâtre hors les murs. Il est important d’aller chercher le public là où il est.

Peux-tu nous en dire plus ce bal ?
Le thème de cette édition est Pink. Aussi bien la Cie L’étreinte que la nôtre avons ce goût du divertissement, de la fête, mais également une pensée progressiste. 2023 marque les dix ans du mariage pour tous. Mon histoire et l’actualité me donnent envie de militer en mettant en avant une liberté et une tolérance de mœurs abimées. Un bal Drag Queen est un acte militant en soi où tout le monde peut venir comme il en a envie. Après l’épidémie de Covid et avec la montée du populisme, nous voulons mêler le festif et le jovial à une réflexion politique, sans volonté de choc, mais plutôt d’étreinte. Il faut aussi rappeler que le travestissement est à l’origine du travail de théâtre.

Pour ce festival, tu as créé une adaptation de « Les liaisons dangereuses »…
Les acteurs seront Carlotta Moraru et Victor Lassus. J’ai fait l’adaptation à partir du roman, en choisissant les lettres les plus emblématiques et en rajoutant un peu de mon écriture pour que ce soit plus actuel. On retrouve les deux personnages principaux de l’œuvre, Valmont et Merteuil, mais qui se rencontrent réellement. Je me suis servi de l’œuvre de Laclos pour traiter de la relation de couple, de violence conjugale et de féminisme. Quelle est aujourd’hui la position féministe envers le libertinage et la violence conjugale ? J’ai donné beaucoup d’importance à la Marquise, avec, entre autres, un monologue qui explique comment une femme peut lutter à armes égales avec un homme. J’ai fait un parallèle avec une œuvre que j’adore : « Juste la fin du monde » de Lagarce, avec cette violence crue et en même temps ce rapport à la tendresse. Pierre-Philippe Audineau a réalisé les décors. En même temps, ça reste très drôle et j’ai choisi deux comédiens très doués dans les passages comiques. La mise en scène est très contemporaine, avec, notamment, une première scène calquée sur celle de « Pulp Fiction » dans laquelle Uma Thurman observe Travolta. Je veux dire aux gens de ma génération que tu peux très bien aller voir du théâtre du XVIIe siècle en te l’appropriant avec des références actuelles.

Fabrice Lo Piccolo

Télécharger le hors-série : Hors-série Equinoxe 2023

La Compagnie Hesperos