Jean-François Vrod – La Soustraction des Fleurs.

Le 9 décembre à la “Fraternelle“ de Correns.

« La Soustrack fait son Jaze – Création d’un orchestre d’hommes-orchestres » est un concert proposé par le Chantier, le Centre de création dédié aux musiques traditionnelles et du monde, à Correns. Questions à Jean-François Vrod, violoniste et fondateur du trio.

 

Jean-François Vrod, vous avez créé le trio La soustraction des fleurs avec Frédéric Aurier, violoniste comme vous, et le percussionniste Sylvain Lemêtre. Comment décririez vous votre musique à ceux qui ne la connaissent pas ?C’est d’abord essentiellement de la musique acoustique, sans amplification. Il y a deux violons qui jouent de façon traditionnelle des thèmes populaires et un Zarb, qui est une percussion iranienne, digitale et assez virtuose, un peu comme un Tabla indien, mais avec un seul tambour. Les fondamentaux musicaux du trio sont donc d’explorer à partir de cette matière d’airs traditionnels, à la fois l’improvisation, la composition, les choses contemporaines, ainsi qu’un engagement avec le chant, la voix, le texte. Cela demande une implication totale de la part des musiciens qui connaissent parfaitement les traditions mais ont aussi d’autres savoirs particuliers. Je suis, entre autres, spécialiste de la musique populaire du Massif Central, Frédéric Aurier est très investi dans la musique contemporaine et on pourrait définir Sylvain Lemêtre comme un percussionniste “d’obédience“ savante, il a joué avec beaucoup de grands noms de la percussion.

Le trio va fêter ses vingt ans, comment perdure cette solide alchimie ?
C’est toujours un peu mystérieux, comme les histoires d’amour ! Malgré nos multiples activités, il y a une vraie singularité artistique sur ce projet et c’est un espace de création où nous sommes heureux. Il y a quelque chose d’ enfantin dans nos expérimentations sonores, une ouverture, on ne s’empêche presque rien. On avance ensemble et parfois on dépasse même certains schémas mentaux très emprisonnants, car on est parfaitement en confiance pour improviser et après, on jette ou l’on garde, comme un jeu.

Votre spectacle se nomme « La Soustrack fait son Jaze – Création d’un orchestre d’hommes-orchestres », qu’entendez-vous par “faire son Jaze“ ?
C’est le projet anniversaire des vingt ans du groupe, l’idée étant de faire un orchestre d’hommes-orchestres. Après avoir visité un certain nombre de gestes instrumentaux chez les musiciens traditionnels solistes, on constate que du fait de jouer seuls, ils trouvent des techniques qui vont les transformer en un petit orchestre. Ça peut être des doubles cordes, taper des pieds, des percussions, chanter ou parfois la création de lutheries particulières. Cette façon orchestrale de se produire seul, est un prolongement des gestes des musiciens traditionnels qui s’est développé dans les années 30, un peu partout en Europe. On a décidé que chacun de nous allait inventer son homme-orchestre et que l’on allait les faire jouer ensemble, ce qui sur le papier peut sembler une hérésie… Quant à l’expression “faire son Jaze“, elle vient des musiciens populaires qui, en France, quand il venaient avec un accordéon et une batterie au pied, employaient ces mots. C’est un condensé sémantique un peu étonnant entre le verbe jaser et jouer du Jazz, car c’est le Jazz qui a amené en Europe tout cet ensemble percussif. Notre résidence d’une semaine dans ce lieu rare qu’est Le Chantier à Correns va nous permettre de commencer à fabriquer ce spectacle. Nous ferons, le 9 décembre, un concert un peu mixte de présentation de ce travail et d’anciens morceaux.

Weena Truscelli

Lien vers le site