Le Chœur de Sartène – L’âme spirituelle de la Corse

Hors-série Sacrée Musique 2022 #2  – Le samedi 3, vendredi 9 et samedi 17 décembre 2022

Ce chœur emblématique fait revivre le chant millénaire de la polyphonie traditionnelle et spirituelle corse. Les compositions de cet ensemble vocal d’hommes offrent au public un peu de l’âme corse et une découverte des mystères de l’île de Beauté.

Stéphane Paganelli, vous êtes l’un des six membres historiques de l’ensemble, comment définiriez-vous l’âme du chœur ?
Notre identité est marquée par un fort héritage sartenais. Nous sommes à la fois héritiers des moines franciscains compositeurs d’œuvres polyphoniques des couvents St-Côme et St-Damien de Sartène, et héritiers de la polyphonie traditionnelle corse qui se chantait de vallée en vallée. Nous chantons d’ailleurs en sartenais. C’est l’un des idiomes qui a le moins évolué par rapport à la racine latine, ce qui favorise le chant sacré.

Vous chantez uniquement a capella…
La voix est l’instrument le plus difficile au monde et le plus exigeant, alors c’est ce que nous avons choisi (rires). C’est un vrai choix artistique qui fait notre particularité et notre force, et qui nécessite une organisation bien rodée : sur scène, on se positionne du plus grave au plus aigu. Moi, qui chante le plus aigu par exemple, je fais face au plus grave. Les Grecs disaient que l’harmonie était le point de convergence de forces qui s’opposent comme un arc. C’est ce que l’on cherche à atteindre. L’harmonie crée des accords parfois inimaginables, qui sortent à l’instinct dans la grâce d’un moment. C’est parfois de l’ordre du quart de ton, que l’on ne peut même pas écrire en musique ! Un jour, une personne nous a dit à la fin d’un concert : “J’avais l’impression que vous marchiez dans la main de Dieu”. Il y a quelque chose de l’ordre du divin qui nous échappe.

Depuis trente ans, vous avez donné des concerts dans le monde entier, qu’est-ce qui fait la popularité d’une musique régionale comme la vôtre ?
On est marqué par notre terre, notre histoire, la liturgie chrétienne qui fait partie intégrante de notre identité, toutes nos valeurs transmises depuis des générations. Le monde change mais on essaie de garder vivantes nos traditions, par le chant. Je pense que le public perçoit ce cœur et cette authenticité. Quand un Corse chante, il suffit de fermer les yeux pour voir la mer et la montagne, on est transporté et tous les sens sont en éveil : auditif, olfactif, visuel ! C’est une expérience unique que n’importe qui peut vivre, même sans comprendre la langue. La beauté de la musique est un langage universel.

Qu’est-ce qui vous touche le plus en concert ?
De voir des enfants et des anciens ensemble. C’est très émouvant. Cela montre que notre musique a encore de beaux jours devant elle, et que la transmission opère encore aujourd’hui. En concert, on n’a pas d’instrument, pas de sonorisation, on donne tout ce que l’on est, on ne triche pas. Cela demande une énergie folle mais l’émotion et la joie suscitées dans le public sont notre récompense, notre salaire ! C’est aussi très marquant pour nous.

Vous revenez au festival Sacrée Musique ! cette année, pourquoi ?
Cet événement nous a beaucoup touchés. À la base, on avait reçu un appel des organisateurs, tout simple, qui disait : “On est à la genèse d’une belle aventure, qu’en dites-vous ?”. Cela nous a enthousiasmés. Quand on est venu et que l’on a vu tout ce qui avait été déployé, l’accueil, les concerts pleins, avec des jeunes et des familles, les illuminations à la bougie… C’était grandiose. Pour nous, c’est la flamme qui brille quand tout s’éteint, la lumière de l’espérance… La beauté a ce pouvoir sur l’âme.

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