Michel Kelemenis – L’éclosion de soi

>> »Magnifiques » le 14 mai au théâtre de l’Esplanade à Draguignan dans le cadre du festival Playbach

Chorégraphe majeur de danse contemporaine, Officier de l’Ordre des Arts et des Lettres, et Chevalier de l’Ordre national du Mérite, Michel Kelemenis dirige également le KLAP Maison pour la danse à Marseille. Dans le cadre du festival Playbach, il revient aux Théâtres en Dracénie nous présenter « Magnifiques » une ode à la jeunesse et à la danse chorégraphiée sur le « Magnificat » de Bach.

Pour cette pièce, vous avez choisi de chorégraphier le « Magnificat » de Bach. Qu’est-ce qui vous intéressait particulièrement dans cette œuvre ?
Tout d’abord c’est une œuvre monumentale ! Je ne me suis jamais confronté à une œuvre d’origine religieuse de cette dimension auparavant. J’ai beaucoup écouté cette musique quand j’étais adolescent. C’était l’une des premières œuvres que j’ai commencé à écouter par moi-même, au-delà de ce que j’entendais dans le spectre familial, qui était surtout de la musique de variétés. Cette musique a sur moi l’effet d’une ouverture, comme le sentiment de commencer une très belle journée. Lorsque je l’ai réécoutée, il y a environ quatre ans, elle m’a donné le sentiment que c’était peut-être la vie qui commençait en l’écoutant. J’ai eu envie de rapprocher cette musique de la jeunesse, qui est le sujet de « Magnifiques ».

La musique du musicien électro Angelos Liaros Copola est également présente dans votre spectacle. Comment se répondent baroque et électro sur scène ?
Il s’agit de créer une passerelle entre hier, aujourd’hui et demain. C’est un dialogue entre une musique contemporaine et une musique baroque, pour créer cet hymne à la jeunesse. Angelos est un musicien avec qui j’aime beaucoup travailler. Il a trente-cinq ans et est vraiment ancré dans la musique d’aujourd’hui. Il est aussi ingénieur du son, il a un désir de qualité, d’épaisseur, de richesse. Pour la pièce il réinvente un chœur vocal différent qui répond à celui de Bach et devient la clé du dialogue.

Pouvez-vous nous parler des danseurs à qui vous avez fait appel dans cette pièce ?
Il y a neuf danseurs, âgés de vingt à quarante ans, avec des chemins d’accès à la danse et des parcours différents. J’ai voulu amener une diversité de corps, d’approches et d’individus sur scène, les amenant à se sophistiquer et à devenir eux-mêmes au fil de la pièce. Je n’ai pas cherché à représenter la jeunesse au plateau mais plutôt à m’intéresser à l’état de jeunesse et à l’éclosion de soi.

Vous êtes un habitué des Théâtres en Dracénie…
J’ai eu l’occasion de collaborer avec eux pour leur festival de danse L’Imprudanse, et j’ai été ravi que Maria Claverie-Ricard perçoive mon initiative de travailler sur le « Magnificat » comme une opportunité d’intégrer ce spectacle à leur festival dédié à Bach. D’autant plus que c’est un spectacle de grande envergure.

Vous êtes un chorégraphe contemporain comment avez-vous choisi d’adapter votre langage dansé à cette musique classique de Bach ?
Mon langage s’est élaboré à travers mes années de danseur, puis à travers mes collaborations avec des danseurs ayant des bagages très différents, qu’ils viennent de notre continent ou d’autres régions du monde, avec une formation classique ou qu’ils pratiquent des danses traditionnelles. L’interprétation du magnificat que j’ai choisie, dirigée par Gardiner, est plus aiguë et rapide, la rendant plus accessible et baroque, ce qui convient bien à cette idée d’éclosion et de réinvention de soi à travers le temps. Dans « Magnifiques », il y a cette énergie initiale, presque comme un cratère en fusion, une force primaire qui envahit le corps des danseurs. Puis, en opposition, je leur demande d’adopter des pauses et des postures très sophistiquées, illustrant ainsi la nécessité de se choisir et de se composer soi-même. Ces deux aspects, bien qu’initialement distincts, fusionnent progressivement pour devenir une énergie gigantesque, reflétant la grande diversité des individus une fois qu’ils se sont révélés à eux-mêmes.

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