In montana – Chant grégorien au féminin.

Après avoir commencé le piano à l’âge de cinq ans, Maud Hertz n’a découvert qu’à l’adolescence son instrument de prédilection : sa voix. Elle a fondé In Montana en 2016, un ensemble de six chanteuses qui interprète dix siècles de musique sacrée, du grégorien aux polyphonies a cappella.

Comment avez-vous eu l’idée de créer cet ensemble 100% féminin ?
J’ai rencontré un jour un moine bénédictin qui organisait un atelier de chant. Il avait une façon de parler du grégorien qui m’a éblouie. J’ai été le voir au monastère et il m’a demandé si je ne voulais pas créer un chœur. Je me suis dit que ce moine était un peu dingue ! Il m’a partagé un texte sur la vocation de la femme à la louange qui m’a profondément touchée et je me suis dit : « Si je crée un chœur, pourquoi ne pas lancer quelque chose d’original, avec uniquement des voix de femmes ? » Quand je lui en ai reparlé, il avait pensé exactement à la même chose. Ainsi est né In Montana. On associe le grégorien à de multiples autres pièces de polyphonies a cappella, et on se promène ainsi dans le temps et l’histoire de la musique.

Quel est l’apport particulier des femmes à ce chant sacré traditionnel de l’Église ?
Peut-être que ça le rafraîchit un peu ! Je ne dis pas que c’est juste mais on peut en avoir une vision austère. Evidemment, ce n’est pas nouveau. Dans certains monastères féminins, on chante le grégorien. Mais nous sommes des chanteuses confirmées avec des voix travaillées, développées, ce qui lui donne une épaisseur, une couleur et une richesse particulières.

Pourquoi In Montana ?
On tire notre nom de la Visitation : Marie part sur la montagne visiter sa cousine Elisabeth. La montagne dans la bible est le lieu de la rencontre avec Dieu. Marie chante sa louange au Seigneur, c’est son amour qui s’exprime. Cela rejoint la réflexion de saint Augustin qui dit que « chanter est le propre de celui qui aime ».

Qu’est-ce qui touche le plus le public dans vos concerts ?
Les gens expriment souvent un sentiment de temps suspendu. Pour eux, c’est une expérience de beauté, spirituelle, même si la plupart des spectateurs ne sont pas des croyants. Les sonorités, les voix féminines, ça les porte vers un ailleurs, vers une paix intérieure.

Comment en êtes-vous venue à chanter ?
J’ai commencé le piano très jeune mais j’ai découvert à seize ans dans une chorale d’un village proche de chez moi que mon vrai instrument, c’était ma voix. Quand les mots ou nos pensées ne suffisent pas, ou ne suffisent plus, le chant prend le relais et nous emmène loin, au-delà de l’espace et du temps. Le chant nous ouvre à une réalité qui nous dépasse mais où l’on se sent bien.

Le festival Sacrée Musique propose des concerts illuminés à la bougie, quelle incidence cela a-t-il sur le chant ?
La flamme est propice à l’intériorité, au recueillement, au silence. Il n’y a pas de musique sans silence. La musique part du silence et va au silence. Ce n’est pas un silence vide mais un silence plein. Plein de ce que l’on a vécu, entendu, ressenti. Le silence fait partie de la musique. Il faut le cultiver dans un monde dominé par le bruit, véritable obstacle à la vie intérieure. La lumière de la bougie favorise cette expérience d’intériorité.

En savoir +