Cinéma
Julien Rambaldi & Eye Haïdara – Mary Poppins chez les bobos !
Les Femmes du Square – Sortie le 16 novembre.
Le Pathé La Valette organisait projection et rencontre avec le réalisateur Julien Rambaldi et l’actrice Eye Haidara pour la sortie du film « Les femmes du square“ qui, sous couvert d’une comédie, pointe les incohérences de notre société. Le film sera en salle le 16 novembre prochain.
Julien Rambaldi, d’où est venue l’idée de faire un film sur la précarité et les conditions de travail des nourrices des enfants des quartiers chics ?
J.R : C’est au travers de discussions avec mon fils que l’idée du scénario m’est peu à peu apparue. Je me suis rendu compte qu’il connaissait beaucoup de choses que j’ignorais totalement sur la vie de sa nounou et à quel point nous partagions une forme de quotidien (presque d’intimité) avec des gens que l’on oublie de regarder vraiment. En creusant le sujet, j’ai mieux compris les innombrables difficultés que rencontrent ces femmes irremplaçables, comme le fait qu’on ne peut pas employer quelqu’un qui n’a pas de papiers en règle et qu’en même temps, pour obtenir ces fameux papiers, avoir un emploi est indispensable…
Il n’est question que de femmes pour s’occuper des petits parisiens nantis, et les hommes dans tout ça ?
Nous sommes certainement très en retard sur ce sujet… Certains pays comme le Danemark ont inclus bien davantage les hommes et surtout les pères, dans leur système d’éducation. Ça va changer, le monde est en train de bouger.
Eye Haïdara, cette Angèle explosive et drôle qui refuse de se placer en victime et décide de faire bouger les choses a dû être formidable à interpréter ?
EH : Ce rôle a été fantastique. Angèle est un personnage multi-facettes, un ange gardien, une justicière résolue, mais aussi simplement une femme ou une mère, une personnalité comme celle-là est passionnante à incarner pour une actrice. Mais ce n’est pas parce qu’Angèle est têtue et mène tous les combats que nous avons voulu signifier que les autres nourrices du film se comportaient en victimes. Pas du tout, elles sont victimes de la situation, mais ne se considèrent pas comme victimes. Elles ont une dignité incroyable et se battent à leur façon, leur motivation est claire : supporter beaucoup pour avoir des papiers en règle et faire venir leurs enfants, ou contribuer à aider toute une famille. Des objectifs beaucoup moins égoïstes que les nôtres, ou que ceux des familles bobos du film, qui pensent plutôt à se réaliser personnellement.
Le panel d’acteurs est irréprochable, en plus d’Eye Haïdara on trouve Ahmed Sylla en avocat au grand coeur qui s’allie à la bonne cause, Léa Drucker en femme carriériste quelque peu dépassée par son divorce, Bwanga Pilipili en mère courageuse et digne et le jeune et talentueux Vidal Arzoni, qui joue Arthur. Tous ne sont pas cités…
J.R : Le scénario a beaucoup évolué au fil du temps. Au départ, j’avais en tête Angèle, Arthur et sa mère, Hélène. Puis il m’a fallu trouver une intrigue, alors se sont ajoutés d’autres personnages et tous ces excellents acteurs ont accepté les rôles. Je fais faire à Angèle, au cinéma, des choses que je souhaiterais mais n’ose pas faire dans la réalité !
Julien Rambaldi, avez-vous été élevé par une nourrice ?
Oui, bien sûr, plusieurs nourrices même … et je crois bien qu’Arthur, c’est un peu moi.
Weena Truscelli
