Musique

LES FATALS PICARDS – De retour à Néoules

>>Festival de Néoules du 18 au 20 juillet

Les Fatals Picards reviennent à Néoules après leur passage en 2018. Nous abordons avec Laurent Honel, le guitariste et membre historique du groupe, quelques chansons de leur dixième album, après plus de vingt ans de carrière, « Le Syndrome de Göteborg » où ils mélangent comme toujours rock, humour et engagement social

Vous faites votre grand retour sur la scène de Néoules, quels sont tes souvenirs de ton premier passage ?
Je m’en souviens très bien. Partager la scène avec des artistes comme Mouss et Hakim, Soviet Suprem, et les Sales Majestés était une expérience mémorable. Les repas en plein air, la qualité de la nourriture, la gentillesse des bénévoles, et l’ambiance hyper agréable dans un cadre plutôt rare. Nous sommes ravis de revenir à Néoules.

C’est votre dixième album studio, après plus de vingt ans de carrière. Qu’est-ce que ça fait ?
Nous sommes très fiers d’avoir réussi à maintenir notre carrière pendant plus de vingt ans. Cela renforce notre envie, notre détermination, et notre créativité. Nous constatons également qu’il y a de plus en plus de monde à nos concerts, et notre public ne vieillit pas, il reste diversifié avec des jeunes de différentes générations. Les gens s’intéressent toujours à notre humour et à nos réflexions sur les questions sociales. Cela montre que notre rapport au monde n’est pas déconnecté.

Alors c’est quoi ce syndrome de Göteborg ?
Une invention totale ! C’est une chanson, écrite avec Paul, notre chanteur, qui a émergé spontanément, évoquant un individu qui dit tout haut ce que les autres pensent tout bas. On a situé ça à Göteborg en Suède, ça sonnait bien et on avait lu une étude faite dans cette ville sur des gens venant du Sud et qui manquaient de Vitamine D !

C’est donc plus facile de rompre quand on est québécois ?
Ah oui, quand on a l’accent québécois, on peut faire tout et n’importe quoi. Si Poutine avait envahi l’Ukraine avec l’accent québécois, les Ukrainiens l’auraient accueilli à bras ouverts, de même si les Israéliens et les Palestiniens l’avaient, on n’en serait pas là !!

Je ne savais pas que les Playmobils, eux aussi, étaient complotistes.
J’avais écrit une chanson sur les Playmobils djihadistes, c’était amusant au départ, mais après Charlie Hebdo et le Bataclan, beaucoup moins. Mais on aimait le support humoristique des Playmobils et au moment de la pandémie on parlait beaucoup de complotisme. Cela permettait de mettre en scène plein de cas de figures, comme les platistes, les anti-vax ou ceux qui croient que les nazis sont réfugiés sur la face cachée de la lune !

Bon, dis-nous la vérité, les pulls moches de Noël, c’est moche ?
Le pull moche de Noël, c’est la question philosophique la plus compliquée du monde, traitée de manière humoristique : la subjectivité du jugement esthétique. Personnellement, je trouve ça objectivement moche, ça ne provoque aucune émotion en moi. Mais certains trouvent ça beau, ont-ils tort ? On aura probablement ce débat pendant des décennies. Mais je pense quand même que c’est moche. Si tu remplaces les peintures de la chapelle Sixtine de Michel-Ange par des pulls moches de Noël, ou que l’on recouvre Notre-Dame avec…

Les paroles de vos chansons, sous couvert humoristique, semblent décrire assez fidèlement notre société actuelle. Comment vois-tu le rôle de l’art dans l’engagement social ?
Je considère que l’art a une dimension plus thérapeutique que préventive. Picasso a peint Guernica après les faits. De même, quand on écrit une chanson sur la France qui vend des armes, c’est malheureusement un constat. Nous parlons de choses qui existent, et si cela entre en résonance avec les gens, c’est tant mieux. Enfant, par exemple j’écoutais beaucoup Renaud, et l’entendre chanter ce que je pensais validait mes idées. Nos chansons sont aussi utilisées dans les manifs. Il y a un aspect thérapeutique dans le fait de partager des expériences pour se sentir moins seul face à certaines réalités. C’est aussi dans la nature humaine d’esthétiser, se servir de l’horreur pour créer quelque chose de beau permet de mieux accepter l’absurdité du monde. Je pense à la liste de Schindler ou aux livres et chansons de Gaël Faye sur le génocide rwandais…

F. Lo Piccolo

ITV SUÉDOISE

Krisprolls ou pain de mie ?
Krisprolls.

C’est cool Göteborg ?
Il parait que c’est la ville la plus écoresponsable d’Europe, donc oui !

Les suédois sont les meilleurs à l’Eurovision ?
Ils sont imbattables, ils sont à l’Eurovision ce que sont les Khmers rouges au génocide !

Suède ou Picardie ?
Un vrai dilemme, mais la Picardie. On a représenté la France à l’Eurovision donc on est la synthèse parfaite.

Les pulls moches de Noël sont moins moches en Suède ?
Oui ! Ils sont tressés avec de la laine de renne suédois et sont imprégnés de la magie de Noël grâce aux usines du Père Noël installées en Suède.

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