Victor Lassus – La passion du théâtre.

Pink show, en ouverture du festival chaque soir sur le Parvis de l’Espace des Arts.

Ami de longue date de Sarah et co-organisateur du festival dès la première heure, Victor Lassus dirige la compagnie lyonnaise L’Usine éphémère. Pour le festival, il donnera le ton chaque soir en dirigeant le spectacle « Pink Show » proposé par les Freaks en ouverture des festivités.

Quel est ton rôle dans le festival ?
Je fais partie du groupe d’organisation du festival, mon rôle est une aide à la programmation, et pendant le festival la gestion d’équipe et la coordination technique. Je connais Sarah depuis le Conservatoire, en 2004. On s’est retrouvé douze ans après à travailler ensemble quand elle a monté le festival Rêve-Party devenu aujourd’hui équinoxe.

Cette année tu fais la mise en scène de « Pink Show », avec les Freaks…
C’est un projet essentiel pour le festival, qui mélange professionnels et amateurs, de plusieurs générations, avec des acteurs, des chanteurs et même un magicien cette année. Au sein de ce groupe on retrouve « Les Marquises » qui sont dans le grandiloquent avec des costumes très lyriques du XVIe siècle. Ce qui me tient à cœur, c’est la vie de la cité et donner la parole aux gens de l’ombre. Les Freaks sont un groupe de bénévoles et d’élèves des Ateliers de l’étreinte. Le spectacle est joué en ouverture du festival chaque soir et donne en quelques sortes le grain artistique de l’événement, et c’est important que ce soient eux qui le fassent, que le public soit accueilli par des gens du terrain et par leur passion, car c’est cette passion qui réunit tout le monde autour de Sarah, du théâtre et du festival. Cette année, j’ai voulu retracer l’histoire et l’essence du théâtre. Qu’est-ce qui nous pousse à nous lever et à prendre la parole ? Qu’est-ce qui crée ce besoin de faire de l’art vivant pour requestionner le monde ? équinoxe existe depuis longtemps et pour moi c’était important de revenir à l’origine : pourquoi est-on là ? Il y a eu ce besoin dans chaque civilisation : on a eu le classicisme, la Commedia Dell’arte, le théâtre masqué, le théâtre contemporain… Comme ils sont quarante, ce sera surtout du théâtre chorégraphique, assez léger et burlesque, avec un petit coup de pied dans les codes du théâtre. On utilisera les toits environnants, on traversera le public, en mettant le spectateur dans une joyeuse instabilité. Nous aurons aussi du texte et du chant, avec une plume qui peut ressembler à Edouard Baer ou Virginie Despentes, assez incisive mais avec beaucoup de poésie. Côté chorégraphie, on mélangera des inspirations de chorégraphes très connus comme Bausch ou Preljocaj à de la danse de rue comme le crump ou le hip hop tout en gardant la ligne directrice de Jacques Lecoq. Pour chaque édition, nous partons d’une couleur, déterminée avec Sarah, qui nous amène à des émotions. Cette année, c’est le rose. Cette couleur m’inspire la nature qui revient, des bacchanales, et surtout l’amour et donc l’amour du théâtre et des mots.

Comment va se passer le travail avec les Freaks ?
C’est intéressant car on travaille dans l’urgence. J’ai quatre journées pour monter une pièce, avec un important travail en amont d’inspiration, de préparation et de chorégraphie. J’arrive avec une trame et toute cette matière et je vois comment le groupe s’en empare. Ce sont quarante passionnés, Je leur dis qu’on fait le Vietnam de la création (rires). J’arrive avec une matière assez pointue qu’ils ne maîtrisent pas et ils se mettent dans un état d’écoute totale. C’est assez magique. Le professionnel qui maîtrise va souvent remettre en question, là il n’y a que du travail, c’est très précieux. Grâce à leur simplicité, ils vont à l’essentiel.

Fabrice Lo Piccolo

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La Compagnie Usine Ephemere